Territoire de Nation Mapuche, 16 novembre 2018
Par ATM communications
PROCÈS ET PUNITION POUR LES COUPABLES
Territoire de Nation Mapuche, 16 novembre 2018
Par ATM communications
Camilo Catrillanca, qui depuis son enfance a travaillé la terre et s’est dédié à défendre les droits des gens, est né dans le contexte des luttes contre l’entreprise forestière et pour la récupération du mont avoisinant son « lof » (communauté de base du peuple Mapuche, clan familial). Ensuite, dans le processus de récupération de terres, il était déjà un acteur important. Pendant son enfance, il a non seulement entendu les bruits de la nature, mais également celui des explosions de la répression dirigées contre sa famille. Il a été habitué à être blessé par les balles de plombs répressives, et à force de vivre cela tous les jours, il n’avait plus peur ni des balles ni de la mort. C’est pour ça qu’on l’a vu en train de crier « Tue-moi maintenant, tue-moi comme tu le fais là-bas (dans ma communauté) », alors qu’il participait à un boycott contre une action de manipulation de la part du gouvernement Piñera à Ercilla, en 2012.
Dans ce contexte, il a été l’un des fondateurs de PubfMapuXawun, Alliance Territoriale Mapuche, qu’il a délaissée pour avancer dans ses projets familiaux et pour prendre part à de nouveaux engagements en renforçant les droits de notre peuple. Le jour de son assassinat, il conduisait un tracteur avec lequel il réalisait des travaux agricoles. Ce tracteur porte encore les marques des rafales de balles de guerre qui ont même perforé la pelle métallique du véhicule, qui fait plusieurs centimètres d’épaisseur. Des sources fiables racontent qu’un groupe d’environ 30 membres de la police s’est approché d’eux et qu’ils ont tiré sans retenue, dans leur dos. En voyant que Camilo avait été blessé, l’enfant qui l’accompagnait est descendu du tracteur, a levé les bras et leur a crié d’arrêter. On sait que celui qui a tiré la rafale mortelle portait une caméra dans son équipement, et c’est pour cette raison qu’il est si important que cette vidéo apparaisse. Une fois la fusillade terminée, on jette l’enfant à terre, puis à l’intérieur du char militaire où un des policiers retire la mémoire d’enregistrement de sa caméra et la change par une autre. C’est là qu’ils ont commencé à battre le mineur, il a même été frappé par derrière par un policier qui se faisait appeler « Colonel ». Au cours de la même soirée, cinq (5) mineurs et un adulte ont été détenus et sauvagement frappés par des policiers chiliens. Après une journée de détention et de torture, M.P. (le mineur qui était avec Camilo) a été amené devant le tribunal où son arrestation a été déclarée illégale.
Les différentes versions du gouvernement et de la police démontrent l’intention de d’occulter les raisons de cet assassinat. Elles sont le début d’un nouveau processus d’impunité et prouvent qu’au Chili, on torture et on assassine pour des raisons politiques. Ces versions des faits démontrent que les forces armées ont l’ordre de tirer sur les Mapuche et que les policiers ont un rôle décisionnel puisqu’ils négocient la supposée protection armée de la population civile ; faire justice devant des situations de gâchette facile est donc impossible. En même temps, il est important de rappeler l’existence de mécanismes de manipulation qui divisent les « Lofs », qui génèrent des agressions entre frères, et qui mettent de l’avant de faux leaders et empêchent la défense et la projection de la lutte du peuple Mapuche.
Face à tout cela, nous exigeons justice et punition, non seulement pour les policiers mais aussi pour les propriétaires de la néocolonisation du Wall Mapu : Angelini, Matte, Lucsick et Piñera ainsi que pour leurs complices, dont le ministre Chadwick, l’un des enfants prodige de Pinochet. Ils sont les coupables de l’assassinat de Camilo Catrillanca.
La lutte doit continuer et parmi ses actions il faut trouver une manière de faire en sorte que les auteurs intellectuels de cette répression, comme de tant d’autres répressions actuelles et futures, soient jugés et punis. Que dans chaque rue qu’ils passent, que dans chaque peuple du monde qu’ils visitent, leurs noms soient vus comme des noms d’assassins. Ce n’est qu’à ce moment-là que commencera la punition. L’histoire dira la suite.