HomeCommuniquéLa défenseure du territoire, Grecia Rodríguez Navarro, menacée

La défenseure du territoire, Grecia Rodríguez Navarro, menacée

Au courant du mois de janvier dernier, la défenseure Grecia Rodríguez Navarro a reçu des menaces de mort anonymes. Elle mentionne que ces menaces ont commencé à ressurgir depuis la réactivation du projet du barrage Milpillas. Face à cette situation, le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) s’inquiète de la santé physique et émotionnelle de l’activiste Grecia Eugenia Rodríguez Navarro, de l’Observatoire sur les conflits miniers de Zacatecas.

Le contexte de la lutte

Depuis 2018, la viabilité du projet du barrage Milpillas est questionnée par le Mouvement pour la défense du territoire et de la rivière Atenco, composé d’habitant.e.s de El Potrero, Atotonilco, Estancia Guadalupe, Corrales, Jiménez del Teul, ainsi que d’autres communautés, chercheur.e.s et universitaires de l’État de Zacatecas. Ces actions ont conduit à l’arrêt du projet, mais non sans violations des droits humains à l’encontre de la population.

Suite à une visite du président, Andrés Manuel López Obrador, le 24 novembre dernier à Zacatecas, le projet hydroélectrique a été réactivé. Le gouverneur actuel, David Monreal, a été chargé de convaincre les membres des terres collectives de l’ejido (ejidatarios) des bienfaits de la réouverture du projet.

À la suite de cet événement, les habitant.e.s et activistes ont recommencé à insister sur la non-viabilité du projet, affirmant que ce dernier affecterait les municipalités de Durango, Zacatecas, Jalisco et Nayarit. Grecia Rodríguez Navarro a déclaré qu’aucun engagement n’a été pris pour résoudre le problème d’approvisionnement en eau des habitant.e.s de la région.

L’activisme de Grecia Rodríguez Navarro

Grecia Rodríguez Navarro a commencé son activisme pour la défense du territoire et de l’eau en 2014. Deux ans après, elle a rejoint l’Observatoire sur les conflits miniers de Zacatecas. Le travail de cet organisme est axé sur la défense et l’accompagnement des peuples et ejidos affectés par les mégaprojets d’extraction au sein de l’État.

C’est en 2018 que Grecia Rodríguez Navarro a commencé son accompagnement des ejidatarios et communautés s’opposant au projet de la construction du barrage Milpillas, dans la municipalité de Jiménez del Teul.

Depuis 2018, Grecia Rodríguez Navarro a été menacée à plusieurs reprises, en raison de son travail pour la défense du territoire et de l’eau, tout comme plusieurs autres membres des ejidos luttant contre la construction du barrage Milpillas. Dans les derniers jours, l’organisation Front Line Defenders a dénoncé de manière publique la situation de la défenseure, victime de harcèlement et d’un déplacement forcé orchestré par l’ancien gouverneur de Zacatecas, Alejandro Tello Cristerna, en 2019. À la suite de cet événement, Grecia Rodríguez Navarro a été intégrée au Mécanisme de protection pour les journalistes et personnes défenseures des droits humains. Elle continue aujourd’hui sa mission d’accompagnement des ejidos et des communautés à distance.

Le rôle de la Commission nationale des droits humains de Zacatecas

Face aux agressions et violations dont ont été victimes l’activiste et plusieurs habitant.e.s des ejidos concernés par la construction du barrage Milpillas, la Commission nationale des droits humains de Zacatecas (CEDHZ) a lancé une enquête sur la situation et a publié, en mai 2021, une recommandation.

Les personnes affectées ont demandé qu’en plus de l’enquête du ministère de la sécurité publique, le gouvernement de Zacatecas rende publique la recommandation de la CEDHZ et leur accorde une reconnaissance en tant que défenseurs et défenseures des droits humains dont les droits fondamentaux ont été violés dans l’exercice de leur défense de la terre. Lors d’une entrevue, Grecia Rodríguez Navarro a affirmé que jusqu’à présent, aucun aspect de la recommandation n’a été pris en charge par le gouvernement de Zacatecas. Pour cette raison, l’activiste fait appel à l’appui des organisations internationales.

Demandes

En tant qu’organisation internationale, nous constatons avec inquiétude le manque de protection de la part du gouvernement fédéral et national vis-à-vis les défenseures du territoire, lesquelles ont souvent subi des menaces avant d’être portées disparues ou assassinées, comme c’est le cas d’Irma Galindo, défenseure des forêts au sein de l’État d’Oaxaca, disparue depuis octobre 2021. Nous exigeons du gouvernement de l’État de Zacatecas et du gouvernement fédéral le déploiement de moyens de protection pour Grecia Rodríguez Navarro de même que pour sa famille et pour les ejidos touchés par le projet Milpillas.

Grecia Rodríguez Navarro a déclaré que « nous essayons de réduire les risques afin de pouvoir poursuivre notre travail au sein de l’Observatoire, soit l’accompagnement et la défense des droits : à l’eau, à la santé, à une vie digne et à l’autodétermination des peuples ».