Putaendo accuse la société minière Vizcachitas de mener une campagne de 350 forages dans le bassin de la rivière Rocín. Le mégaprojet endommage un secteur de montagne unique, qui pourrait devenir une réserve mondiale de biosphère. La municipalité de Putaendo, en collaboration avec la communauté organisée, des scientifiques et des militant.e.s écologistes, a dénoncé dans un communiqué que la société minière « Vizcachitas Holding » a lancé une campagne de 350 trous de forage dans le secteur de Las Tejas, dans le bassin de la rivière Rocín, sans avoir les permis correspondants.
Le fait a été révélé par une lettre que, le 7 octobre, l’entreprise a envoyée à divers autorités : « Nous tenons à vous informer, ainsi que les personnes résidentes de la ville que vous représentez, qu’à partir du 12 octobre la phase de construction de notre campagne de forage ».
Le maire de Putaendo, Mauricio Quiroz, explique que deux jours avant cette lettre, la filiale de la société canadienne Andes Copper avait déposé une demande de démarrage de travaux antérieurs et d’un camp minier dans le secteur, mais que la Direction des travaux municipaux (DOM) ne l’a pas approuvé.
Sans se prononcer
« Le directeur des travaux ne s’est pas prononcé et le fera conformément à ses pouvoirs et sur la base de la loi générale d’urbanisme et de construction. Dans cette même perspective, nous pensons que l’entreprise a une nouvelle fois enfreint les règles, puisqu’elle a démarré les travaux sans avoir eu les autorisations de la Direction municipale des travaux », a déclaré le maire Mauricio Quiroz.
En effet, après l’inspection effectuée par le directeur des travaux municipaux, des installations et des machines ont été affichées, n’excluant pas qu’il y ait des travailleurs qui passent la nuit dans les lieux la nuit. Lesdits antécédents ont déjà été mis à la disposition du tribunal de police local, dans l’attente de leur prononcé respectif à court terme.
« Nous allons insister, tant au Service d’évaluation environnementale, à la Surintendance de l’environnement et devant les tribunaux, qu’il s’agit d’un projet qui n’aurait jamais dû être approuvé. C’est un projet qui endommage gravement l’environnement de la commune de Putaendo, en particulier de notre zone de montagne, et qui a un impact négatif sur les communautés », a ajouté Quiroz.
Écosystème unique
La lutte des Putaendinos contre ce mégaprojet, qui prétend être l’une des plus grandes mines à ciel ouvert du pays, dure depuis des années. En effet, en août 2020, la communauté a saisi la Cour suprême et a réussi à faire annuler l’approbation que le Service d’évaluation environnementale (SEA) avait donnée à cette campagne de 350 forages.
Pour cette raison, l’entreprise a dû réaliser une entente de Participation Citoyenne (PAC) dans sa Déclaration d’Impact Environnemental (EIE), un jalon historique dans le pays, puisqu’à ce jour, pour les projets miniers le processus n’exigeait que l’Étude d’Impact Environnemental. (EIE). Maintenant les deux (PAC et EIE) sont nécessaires.
Concernant la valeur de ce secteur, qui est également fortement affecté par la sécheresse, Salvador Donghi, biologiste et directeur de Simbiosis Bioconsultora, explique que « nous avons développé des études de base pour déterminer les écosystèmes qui caractérisent le bassin de la rivière Rocín et là nous avons a trouvé une énorme richesse endémique, dans un secteur de chaîne de montagnes unique, très peu représentatif au Chili, qui a absolument toutes les caractéristiques pour devenir une réserve mondiale de biosphère au niveau de l’écosystème méditerranéen, appartenant au bassin du Pacifique, dans le secteur andin ».
« Il existe des regroupements très impressionnants d’associations de plantes qui n’existent pas dans d’autres parties du monde et qui nous permettraient même de comprendre comment notre flore a évolué depuis les dernières glaciations qui se sont produites il y a pratiquement 40 000 ans », a-t-il déclaré.
Rivière épuisée
Le mécontentement de la communauté de Putaendo est principalement dû au fait que le mégaprojet est situé sur la rivière Rocín, qui, en 2004, a été déclarée épuisée par la Direction générale de l’eau (DGA). Aussi, en raison des sanctions et de la série d’irrégularités qui apparaissent dans l’histoire de l’entreprise.
D’autre part, historiquement, il n’y a jamais eu d’exploitation minière à Putaendo, encore moins dans le bassin supérieur de la rivière du même nom. Pour les autorités communales, le projet de forage et, à l’avenir, l’exploitation éventuelle des minerais de cuivre et de molybdène, auraient un impact négatif sur le développement durable d’une vallée, dont les habitant.e.s entendent façonner un avenir basé sur l’agriculture familiale paysanne, le commerce et le tourisme.
En effet, comme l’indique le maire Quiroz, « récemment Putaendo a obtenu sa déclaration de ZOIT (Zone d’Intérêt Touristique), un statut que peu de communes au Chili détiennent et qui est une reconnaissance de l’énorme patrimoine culturel et naturel de notre commune, qui est sans aucun doute à risque avec l’irruption de ce type de projets miniers. »
Source: El Mostrador