Le CEHPRODEC dénonce:
– Les persécutions que subissent les dirigeant.e.s de nombreuses communautés autochtones et paysannes avec lesquelles nous travaillons.
– Le harcèlement exercé envers les défenseur.es. des droits humains, en particulier envers ceux et celles qui défendent la terre, les territoires et autres biens naturels.
– Des abus de la part de la police et de l’armée envers les communautés.
Depuis l’arrivée de la pandémie COVID-19 au Honduras, le gouvernement de la République a décrété l’état d’urgence. Il a alors restreint plusieurs garanties constitutionnelles au niveau national. Cette situation est une opportunité pour la police nationale et d’autres forces de sécurité de l’État d’accroître leur autoritarisme et de faire pression sur les organisations communautaires qui cherchent des alternatives pour se protéger de la pandémie. Ces communautés doivent effectivement s’organiser face à l’absence d’aide de certains gouvernements locaux et de l’État lui-même pourtant en charge de la lutter contre la pandémie.
Dans de nombreuses communautés du pays, ce sont les membres de la société civile locale qui ont mis en place des équipes de surveillance et de contrôle pour empêcher l’entrée de personnes étrangères à leur communauté afin d’éviter tout risque de contamination.
Le véritable problème est apparu lorsque certains membres de la police nationale ou de l’armée, munis d’armes à feu et portant des vêtements militaires, se sont infiltrés dans des communautés en plein pendant leurs jours de congés, pour intimider et menacer les habitant.e.s.
Ces faits ont conduits à des confrontations, des menaces de mort et/ou de détention arbitraire des dirigeant.e.s. Ces conflits ont également générés la mort de certains citoyen.ne.s dans le nord du pays et à des attaques envers des personnes étant sans défense dans la municipalité de Santa Elena, La Paz.
– Le risque couru par les défenseur.e.s de droits humains.
En ne permettant pas le déplacement des défenseur.e.s des droits humains au niveau national, et dans certains cas au niveau des municipalités, des organisations telles que CEHPRODEC, CONROA, MILPAH et autres défenseur.e.s des droits humains ne peuvent pas veiller au respect des droits fondamentaux de la population et, notamment, des leaders sociaux.ales qui sont sous des mesures de précaution octroyées par la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) et par le Mécanisme de protection national des défenseur.e.s des droits humains.
En ce sens, nous avons observé un renforcement de l’autoritarisme de la police, des militaires et des autres opérateurs de la justice, qui se sont concentrés sur la recherche et la persécution de dirigeant.e.s persécuté.e.s depuis plusieurs années pour leur rôle de défenseurs des biens naturels.
Cela signifie que des ressources humaines et économiques sont allouées arbitrairement au lieu d’être utilisées pour répondre aux exigences de l’urgence nationale causée par la pandémie de COVID-19.
– Des divisions au sein des communautés
La situation actuelle de la pandémie appelle à l’unité nationale, ainsi qu’à l’unité des communautés, mais l’autoritarisme qui s’est déployé, en particulier de la part des opérateurs de la justice et de certaines sociétés municipales, contribue plutôt à une division des communautés. L’un des facteurs qui favorise le plus cette division est la politisation de l’acheminement de l’aide alimentaire par des sources étatiques, ce qui est utilisé par le parti gouvernemental pour son clientélisme électoral et exclut systématiquement à l’opposition sociale et politique.
C’est pourquoi nous demandons urgemment:
→ Au gouvernement de la République, d’accorder des laissez-passer aux membres du CEHHPRODEC et aux autres organisations de défense des droits humains afin qu’ils.elles puissent circuler, et tout en ayant des moyens de protection appropriées. Ainsi ils.elles pourront contribuer à veiller au respect des droits humains dans le pays.
→ À la Cour suprême de justice, de permettre aux défenseur.e.s des droits humains l’accès aux tribunaux de la République pour être garant.e.s de la bonne administration de la justice dans un pays qui a été signalé comme l’un des plus dangereux pour ceux et celles qui défendent la terre et les territoires.
→ Aux travailleurs.euses de la justice, de cesser de réprimer les dirigeant.e.s communautaires qui cherchent seulement à s’organiser et à se protéger de la pandémie, dans un pays où les municipalités et les institutions de l’État ne leur apportent aucune protection, ni aucune aide.
→À la police nationale, aux forces armées, aux juges et au parquet de cesser leurs actions arbitraires envers les dirigeant.e.s communautaires et les défenseur.e.s des droits humains. Cette demande s’adresse à l’échelle nationale, mais nous insistons auprès des départements de La Paz, Comayagua, Yoro et Olancho pour qu’ils la respectent urgemment.
→ Aux directives nationales de protection et au HCDH, de garantir le suivi et la protection des défenseur.e.s des droits humains au Honduras, en particulier de celles et ceux qui bénéficient de mesures de précaution à l’échelle nationale et internationale.
Source et Photo: www.ocmal.org