Le retrait de la loi d’amnistie pour tous les crimes contre des personnes pendant la guerre civile au Guatemala est une victoire qui demeure fragile
Après plusieurs semaines de maintes tentatives de faire approuver par le Congrès un amendement important à la Loi de 1996 sur la réconciliation nationale du Guatemala, le Congrès a abandonné la proposition qui accorderait l’impunité aux responsables de crimes de guerre – pour le moment. Des survivant.e.s du génocide et la société civile ont fortement protesté contre la loi 5377, dite Loi d’amnistie, qui, en mettant fin aux recherches et aux poursuites sur des cas déjà ouverts, aurait signifié la libération des douzaines d’anciens militaires condamnés pour des crimes contre l’humanité.
C’est grâce aux protestations publiques et aux actions légales engagées par les organisations de survivant.e.s que le retrait de la Loi d’Amnistie de l’ordre du jour du Congrès a pu avoir lieu. Durant plusieurs semaines, des survivant.e.s de partout dans le pays ont organisé des protestations contre cette loi, pendant que des organisations de la société civile annonçaient qu’elles déposeraient des demandes d’injonctions contre la loi et intenteraient des poursuites en justice contre les membres du Congrès qui l’auraient approuvée.
La crise a atteint un sommet le 13 mars. Le Congrès s’entêtait à vouloir passer la loi mais les survivant.e.s en guise de réponse ont organisé des protestations à l’extérieur des édifices du Congrès, demandant à leurs représentants de ne pas l’approuver. Des représentant.e.s de l’Association pour la Justice et la Réconciliation (AJR) ont présenté au Congrès une résolution de la Cour Inter-Américaine des Droits Humains, qui avait ordonné à l’État du Guatémala de retirer la Loi d’Amnistie le 12 mars.
La loi d’amnistie a été retirée de l’ordre du jour du Congrès pour le moment, mais la menace demeure. Les groupes de survivants qui suivent la situation demandent l’appui de la communauté internationale pour condamner la législation. Comme l’explique Violetta Elias Osorio, une jeune membre de l’AJR : « Il est important que la communauté internationale comprenne bien la Loi d’Amnistie car elle affecte les Peuples Autochtones plus que tout autre groupe. Il y a eu beaucoup de morts dans le passé et nous ne savons toujours pas où sont tous ces morts. Ce qui démontre que l’état n’a pas la capacité d’appuyer nos communautés et que nous avons besoin de l’appui de la communauté internationale pour que la loi d’amnistie soit vraiment chose du passé. »
Pour en savoir plus : « Réforme de la Loi de Réconciliation Nationale, le prix à payer : absoudre les coupables de crimes contre l’humanité »
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Source et photo : NISGUA – Netweork in Solidarity with the People of Guatemala