Publié par Mariela León, Cambios 16, 18 janvier 2023
L’extractivisme débridé et l’exploitation minière illégale font progresser, à pas de géant, la destruction massive de l’un des territoires les plus fertiles du Venezuela. L’État de Bolívar, berceau de géographies exotiques et de cultures millénaires, est également riche en fer, bauxite, marbre, uranium, thorium, coltan et minéraux précieux. L’extraction de l’or y est devenue « une activité imbriquée dans un grand réseau criminel organisé ».
SOS Orinoco, un groupe de réflexion qui se consacre à la documentation de ce qui se passe dans la région, affirme que le « réseau criminel organisé atteint tous les niveaux du pouvoir politique et militaire » par le biais du projet Arco Minero del Orinoco, qui exploite des gisements d’or et d’autres minerais de grande valeur sans tenir compte de l’environnement.
De même, les groupes armés organisés (Grupos Armados Organizados) sont l’un des principaux acteurs irréguliers de cette intrigue complexe. SOS Orinoco déclare « qu’il y a eu une énorme augmentation de la violence, associée aux affrontements entre les gangs criminels et les groupes de guérilla colombiens qui s’affrontent pour le contrôle des zones minières. Il y a eu de nombreux massacres, exécutions extrajudiciaires et disparitions, entre autres actes violents ».
Les OAG englobent donc tous les groupes armés non étatiques. Les bandes criminelles organisées sont connues sous le nom de « syndicats » ou « pranato », les « méga-bandas » et les groupes de guérilla colombiens, entre autres. Ce sont les entités opérationnelles chargées du contrôle territorial des mines, de la supervision et du contrôle des mineurs.
L’Arco Minero del Orinoco, qui couvre une immense superficie de 111 843 km2, est le symbole de la « destruction de la plus importante réserve environnementale du Venezuela ». Conséquence de « l’extractivisme, de la déforestation et de l’abattage aveugle de grandes forêts et de l’exploitation minière illégale par des organisations criminelles », précise FundaRedes.
Ce que @mbachelet a dit à propos de l’Arc minier : « L’exploitation minière a des répercussions sur les peuples indigènes et l’exercice de leurs droits individuels et collectifs, en raison de la présence et des actions de groupes armés et des dommages environnementaux » #AccionesYA pic.twitter.com/OMbmLpeW8l
« La politique minière nationale, axée principalement sur le soi-disant Arco Minero del Orinoco, est devenue une bouée de sauvetage pour le régime », prévient le rapport de l’ONG SOS Orinoco. « À cet égard, on s’attend à ce que les opérations minières augmentent dans l’État de Bolivar, y compris dans le parc national de Canaima. En fait, l’activité minière qui se déroule dans l’Arco Minero et les zones adjacentes dépend largement de la promotion et de la protection de l’exploitation minière chaotique ».
Entre les mains de criminels très dangereux
L’étude indique également que les zones minières sont principalement sous le contrôle de groupes armés organisés ou font l’objet de litiges entre eux. Il s’agit notamment des « syndicats miniers », des gangs criminels ou « pranatos », des méga-gangs et des groupes de guérilla d’origine colombienne tels que l’ELN et les dissidents des FARC, entre autres.
Les « syndicats » miniers sont issus des syndicats de la construction de l’État de Bolívar, impliqués dans des pratiques d’extorsion. Ils ont réorienté leurs activités vers l’exploitation minière en raison de la crise économique et de l’effondrement des industries de base de Guayana.
Le document explique que le « pranato » est une forme d’organisation criminelle au Venezuela, originaire des prisons, où un chef ou « pran » impose l’ordre interne. Il contrôle les activités illicites par le biais d’une structure de pouvoir hiérarchique. L’une des caractéristiques communes à toutes les GAO est leur grande puissance de feu, avec des armes et des munitions qui dépassent normalement les capacités des forces de sécurité de l’État.
Plusieurs d’entre elles offrent leur « protection » en échange d’une partie des minerais extraits qu’elles détiennent, ce qui constitue l’une des principales sources de financement de ces groupes criminels. Selon SOS Orinoco, l’ELN, qui a joué un rôle de premier plan dans les opérations « contre les bandes ennemies », en est un exemple.
On estime qu’entre 70 et 90 % de l’or quitte le pays de manière illégale, dans le cadre d’opérations impliquant de hauts fonctionnaires du gouvernement présidentiel (Transparencia Venezuela, 2019).