Une fuite de documents a révélé que le gouvernement américain a établi une liste de noms de personnes qui devraient être ciblées pour un contrôle à la frontière. Il s’agit de 10 journalistes (dont 7 citoyens américains), d’un avocat américain, et de 48 autres personnes d’organisations comme « Border Angels » ou « Pueblo sin Frontera », étiquetées par des officiers en tant que organisateurs ou instigateurs.
Ces informations personnelles sont rassemblées dans une base de données secrète. De plus, ils ont fait l’objet de fouilles abusives ou sans mandat. Une source anonyme du Département de la sécurité intérieure des États-Unis a informé NBC : « Nous sommes une agence d’enquêtes criminelles, pas une agence de renseignements. On ne peut pas créer de dossiers sur des individus, et nous en créons. C’est un abus de l’autorité frontalière ».
Ces efforts de collecte de renseignements ont été fait sous le chapeau de « l’Operation Secure Line », celle-là même désignée pour surveiller la caravane de migrant.e.s. Le document est titré « Secteur des affaires étrangères de San Diego : La caravane de migrants, exercice 2019, suspects, organisateurs, coordinateurs, instigateurs et médias ». Les noms dans cette base de données sont ceux des personnes présentent durant les violences qui ont éclatés à la frontière en novembre 2018.
Ce document se veut être la preuve que les Américains sont sur une lancée du maintien de l’ordre, désignée pour riposter contre les défenseur.ses des droits humains qui travaillent avec les demandeurs.ses d’asile et qui sont critiques des pratiques de l’agence de « protection douanière et frontalière » (CBP).
Pour se justifier, le porte-parole de l’agence a dit que « les événements criminels comme l’entrée clandestine aux États-Unis, qui constituent des agressions au maintien de l’ordre et un risque pour la sécurité publique, sont fréquemment surveillés et enquêtés par les autorités ». Esha Bhandari, avocat, qualifie cela de violation grave du premier amendement (protégeant entre autres la liberté de parole et de presse). Selon lui, « le gouvernement ne peut pas utiliser le prétexte de la frontière pour cibler des activistes qui critiquent ses politiques, ou des avocats qui effectuent une représentation légale, ou encore des journalistes qui font simplement leur travail ». Mitra Elabolahi, lui aussi avocat, ajoute que pendant des années, le gouvernement américain a utilisé le prétexte de « la sécurité à la frontière » pour « bafouer les droits constitutionnels des Américains et abuser de son autorité. Cela souligne le besoin urgent d’une surveillance et d`une responsabilisation significative des agences ».
Plus de sources:
Rapport du Comité pour la protection des journalistes (en anglais): https://cpj.org/reports/2018/
Photo: NBS 7 San Diego