La semaine passée, des représentant.e.s du Réseau canadien sur la reddition de compte des entreprises (RCRCE), de l’ONU et du gouvernement canadien se sont réuni.e.s à Ottawa pour discuter du mandat de l’Ombudspersonne de la responsabilité des entreprises canadiennes qui opèrent à l’étranger.
Les organisations canadiennes de droits humains ont exprimé leur indignation suite à cette rencontre quant à la posture du gouvernement fédéral. En effet, parmi les rôles de l’ombudspersonne se trouverait la compilation de données sur les organisations et les mouvements sociaux qui présentent les plaintes. Pour la société civile du Canada, cela représente une trahison quant aux engagements initiaux, en plus de mettre en danger les peuples et les communautés qui luttent contre la destruction de leurs modes de vie et de leurs territoires par les entreprises extractivistes.
En janvier 2018, après plus de dix ans de pression sociale, le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé la création du mécanisme de l’ombudspersonne pour la responsabilité des entreprises, mais le poste est resté vacant pendant plus d’un an. En avril dernier, le gouvernement a finalement nommé l’avocate Sheri Meyerhoffer, dont l’historique laisse des doutes sur les véritables intentions derrière sa nomination.
Marie-Eve Marleau, coordinatrice du Comité pour les droits humains en Amérique latine, CDHAL, organisation montréalaise faisant partie du Réseau Canadien sur la reddition de compte des entreprises (RCRCE), nous explique:
Ce qui nous inquiète est que cette femme a de l’expérience en tant que lobbyiste pour le secteur pétrolier canadien. Par conséquent, avec cette expérience dans son parcours, nous nous préoccupons de ses véritables intentions dans la conduite des enquêtes. Ce que nous, la société civile canadienne, avons toujours exigé est que l’ombudspersonne ait réellement le pouvoir d’enquêter sur les violations de manière rigoureuse, transparente et, surtout, indépendante du gouvernement.
Marie-Eve Marleau rappelle que la pression des mouvements sociaux pour la création du poste d’Ombudspersonne a ses origines dans de constantes dénonciations contre les entreprises canadiennes, surtout du secteur minier, quant à leurs pratiques aux impacts sociaux et environnementaux dévastateurs.
Le Canada est un paradis fiscal minier, puisque plus de la moitié des entreprises minières opérant dans le monde sont inscrites à la Bourse de Toronto. Ses ambassades sont reconnues pour exercer une pression politique dans divers pays dans le but de protéger les intérêts des investisseurs au détriment des droits humains.
Pour la coordinatrice du CDHAL, cependant, il faut continuer à rendre visibles les violations et travailler de manière collective.
Nous devons nous organiser, nous devons proposer d’autres modèles, d’autres alternatives et nous solidariser réellement entre peuples et communautés pour faire face à cette invasion extractive.
Photo: Canadian Network on Corporate Accountability (CNCA)