Le 15 janvier dernier, une caravane de migrant.e.s s’est mise en branle au Honduras, face à la situation socio économique et militarisée du pays à laquelle s’ajoute les effets désastreux combinés de la crise économique causée par la pandémie de la Covid-19 et de deux ouragans ayant frappé les zones industrielles et commerciales principales du pays, faisant un bilan de 94 morts et affecté plus de 4 millions de personnes à travers le pays. Ce sont ainsi des milliers de personnes qui se retrouvent sans travail,tentent de rejoindre les États-Unis à pied dans l’espoir d’une vie meilleure.
Devant l’avancement des migrant.e.s, qui ont réussi à traverser une partie du Guatemala après avoir subi de la violence et de la répression de la part des forces de l’ordre guatémaltèque, le Mexique a décidé de renforcer militairement sa frontière sud avec ce pays pour tenter d’empêcher le transit de milliers de personnes. C’est ainsi que des centaines de fonctionnaires de l’Institut national des migrations (INM) ont été déployés, ainsi que des soldats du Secrétariat à la défense nationale (SEDENA) et des membres de la Garde nationale.
«La réaction des gouvernements est d’empêcher ce transit et ils le font de manière militaire, c’est ce que nous voyons aujourd’hui, cette frontière qui se trouve au sud-est du sud-est du Mexique avec le Guatemala. Il est regrettable qu’il y ait un recul des droits humains, qui oblige les gens à continuer dans une vie de misère et à rechercher des itinéraires encore plus dangereux », souligne un membre du Mouvement Mesoamericain pour les Migrants.
Cartographie anti-migrant.e.s
Une carte préparée par les chercheurs.euses de l’Observatorio del Colegio de la Frontera (Colef), Dolores París Pombo et Angélica Zambrano, démontre un vaste réseau de surveillance, de détention et d’expulsion de milliers de migrant.e.s qui ont tenté de traverser le Mexique vers les États-Unis. Dolores Paris Pombo explique que «Les fortes ceintures de contrôle de l’immigration installées dans le sud du Mexique font que les migrant.e.s d’Amérique centrale restent bloqué.e.s pendant des mois ou des années près de la frontière sud du Mexique.»
Fermeture d’abris
Si le passage vers et à travers le Mexique représente un défi beaucoup plus grand avec le déploiement militaire à la frontière sud, ainsi que la violence des groupes criminels qui traquent les migrant.e.s, à cela s’ajoute la fermeture forcée d’au moins 40 abris en raison de la Covid-19, selon les informations de Reuters. Pendant des années, ces espaces ont offert refuge à des milliers de migrant.e.s, qui se rendent au nord du Mexique à pied, transportant peu d’effets personnels. Cependant, depuis mars 2020, les abris ont temporairement fermé ou réduit leurs opérations pour empêcher la propagation de la Covid-19.
Accord sur la migration entre le Nouveau-Mexique et les États-Unis
Avec la récente transition à la présidence américaine, les attentes sont élevées pour un changement de politique d’immigration de la part de Joe Biden, qui a promis d’abandonner les programmes « inhumains et basés sur la peur » mis en œuvre depuis quatre ans par l’administration de Donald Trump.
Parmi les actions envisagées par l’équipe de Biden, la priorité est donnée à l’annulation du veto sur les voyages dans les pays musulmans, ainsi qu’à la mise en place d’une équipe pour réunir environ 600 enfants détenus et séparés de leurs parents, qui ont été déportés vers l’Amérique centrale, provoquant la perte du lien familial.
Une autre des stratégies annoncées par la nouvelle administration cherchera à approuver une réforme de l’immigration au Congrès pour régulariser jusqu’à 11 millions de migrant.e.s qui vivent aux États-Unis depuis huit ans et n’ont toujours pas de documents prouvant leur séjour légal. Cependant, l’équipe de Biden ne s’attend pas à ce que de tels plans soient une priorité de discussion au Congrès, qui devra d’abord débattre du jugement politique de Trump.
Même avec les bonnes intentions du nouveau président américain, il est encore tôt pour anticiper l’approbation de ses propositions, à un moment où le racisme et le discours anti-immigrés dans ce pays sont devenus plus visibles que jamais. Ce qui est certain, c’est qu’entre-temps, le sale boulot pour réprimer et contenir l’exode des migrant.e.s tombe sur les frontières militarisées du Mexique et de plus en plus du Guatemala.
Source et photo : Prensa comunitaria
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