Pour marquer les dates des crimes commis par la société minière Vale à Mariana (il y a quatre ans) et Brumadinho (il y a un an), le Mouvement des Personnes affectées par des Barrages (MAB) va promouvoir des Journées d’action dans tout le pays, de septembre 2019 jusqu’à janvier 2020.
Le 20 septembre dernier, la société minière a été condamnée à payer 11,8 millions de reais à titre d’indemnisation à deux familles qui ont perdu des parents lors de l’effondrement du barrage à Brumadinho (Minas Gerais) en janvier 2019. Cependant, des centaines de familles affectées attendent encore réparation.
Lisez la lettre écrite par des personnes affectées par les crimes commis par Vale adressée à la société brésilienne:
« Regarder la télévision dans les derniers mois me fait mal au coeur. Vale, une entreprise qui a tué mes rêves, m’a fait sortir de ma maison et m’a fait perdre des ami.e.s, paye des publicités pour restituer son image. Peut-être croit-elle qu’investir des millions en publicité sera suffisant pour effacer les crimes à Mariana et à Brumadinho. Mais, pour nous, les personnes affectées, cela ne changera pas notre situation et nous continuerons à dénoncer notre condition et la violation de nos droits.
Dans le bassin du Rio Doce, pour nous amadouer, Vale a créé la Fondation Renova. Et pourtant, saviez-vous que, quatre ans après leur crime, aucune maison n’a été construite ? La boue est passée et est restée. Saviez-vous que nous, jusqu’à aujourd’hui, souffrons de problèmes de santé à cause de la contamination de nos eaux ? Où est la réparation promise ?
Les crimes commis par Vale contre les personnes affectées ont causé de grands impacts. Juste après la rupture, la commotion était générale. Si vous saviez plus sur le quotidien des personnes atteintes par les barrages de Fundão et de Mina do Córrego do Feijão vous seriez encore plus ému.e.s. D’un côté, l’insécurité, le manque de perspective, le manque d’emploi, les maladies physiques et mentales, et de l’autre la négligence.
Au fil des événements des derniers mois, la construction d’une maison paraît être une tâche difficile à réaliser (quatre ans!). Nous savons que ce ne l’est pas. Tout au long de notre Parcours des Luttes, nous allons en construire une, brique par brique. Elle sera belle, nous, les personnes affectées, allons rendre une maison pour l’une de nos familles. Nous la ferons ensemble. Si Vale détruit, le peuple construit.
Si d’un côté, il existe la souffrance de ne pas avoir le confort d’un toit, il ne faut pas oublier la douleur de ne pas avoir l’étreinte d’un parent ou d’un ami cher. Ensemble, les deux crimes ont laissés 292 morts; Brumadinho tente de cicatriser petit à petit. La douleur reste. Dans un pays où les personnes se plaignent de tant d’impunité, notre obligation est de réclamer justice pour les personnes qui nous ont quitté.
Il n’est pas juste de tout perdre et de ne pas être dédommagé, indemnisé et compensé. Dans un Brésil marqué de cassures, nous voulons ce qui nous est de droit. La reconstruction de nos communautés, de nos rêves, de nos vies. Durant les mois du Parcours, nous, des personnes affectées, montrerons que seulement la lutte peut transformer la réalité.
Nous savons que la solidarité du peuple brésilien a toujours été grande et sera largement présente face à notre situation et ses moments critiques. Nous voulons donc que chaque mur de maison qui sera construit par une famille de personnes affectées à Barra Longa, Minas Gerais, aura un peu d’appuis de notre peuple. »
Si Vale détruit, le peuple construit!
Le profit ne vaut pas la vie !
Références : MAB