Montréal, Canada, 23 novembre 2022
Jorge Andres Carrillo Cardoso
Gérant des Entreprises publiques de Medellín
Gerente Javier Dario Toro
Conseil d’administration de la société Hidroeléctrica Ituango SA ESP
Anibal Gaviria
Gouverneur d’Antioquia
Daniel Quintero Calle
Maire de Medellín
Le 5 novembre dernier, le mouvement Ríos Vivos Colombia a émis un communiqué intitulé «La vie en danger» face à la menace imminente que représente l’activation des turbines du mégaprojet hydroélectrique Hidroituango, l’un des plus gros de la Colombie, géré par Entreprises publiques de Medellín (EPM) et financé par des capitaux privés internationaux. Depuis le 16 novembre, les communautés affectées ont entamé des mobilisations pour que les autorités répondent à leurs revendications.
L’activation des turbines du mégaprojet implique un déplacement immédiat de milliers de personnes qui habitent la vallée du Cauca : plus précisément les communautés les plus affectées faisant partie des municipalités de Caucasia, Cáceres, Tarazá et Valdivia. De plus, au cours des dernières semaines, les autorités municipales ont perpétué des allégations et du harcèlement envers des leaders régionaux. Plus que jamais, avec la pression pour que le barrage hydroélectrique puisse commencer à fonctionner, des actions de délégitimisation et d’incitation à la violence sont perpétrées à l’encontre des personnes qui défendent leur patrimoine familiale et leur mode d’existence.
Depuis plus de 10 ans, les communautés et les organisations ont dénoncé les conséquences socio-environnementales que ce projet a provoquées depuis sa planification et sa construction, tant aux niveaux national qu’international. Le barrage aurait une capacité de 2400 mégawatts et un mur de 225 mètres d’altitude, avec un réservoir qui pourrait inonder 4550 hectares. En 2018, le projet a été suspendu par l’Autorité nationale de permis environnementaux après un effondrement sur le chantier qui a provoqué une catastrophe, encore vive dans la mémoire des communautés.
En cette année 2022, l’entreprise chilienne Poyry Ltda a reçu un contrat d’EPM pour évaluer la situation actuelle du mégaprojet afin d’obtenir l’aval de l’Unité nationale de gestion des risques de désastre (UNGRD) sur la diminution des risques. Le mouvement Ríos Vivos, avec son équipe de conseillers internationaux, dénoncent le rapport fait en faveur d’EPM.
En tant qu’organisations internationales, nous percevons comme une atteinte à la sécurité des communautés le fait que ce projet aille de l’avant malgré les nombreuses critiques, études et dénonciations nationales et internationales qui ont été faites sur ce projet.
C’est pour cela que, depuis le Canada, nous demandons :
- Que le déplacement forcé des familles soit évité à tout prix. La Colombie est l’un des pays comptant le plus de populations déplacées. Ce projet augmentera ce chiffre, poussant les personnes à vivre dans la pauvreté des milieux urbains.
- Que EPM réponde aux demandes de la population affectée ; prévoir un plan d’évacuation préventive avec les autorités correspondantes pour identifier les points de rencontre ; prévoir des couvertures, de la nourriture, de l’eau et des articles nécessaires en cas d’urgence.
- Que les institutions internationales et nationales donnent une formation à la population affectée pour se préparer à une éventuelle crise humanitaire.
- Que cesse la violence et le harcèlement envers les personnes qui défendent leur territoire, en particulier Mlena Flores, la présidente du Mouvement Ríos Vivos, qui a récemment été menacée.
Nous continuons à porter attention à la situation,
Les organisations signataires :
Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)
Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC)
Miningwatch Canada (MWC)
Commons Frontiers
Colombian Action Solidarity Alliance-CASA