Le Panama a retiré la semaine passée son enregistrement du controversé projet hydroélectrique Barro Blanco, établissant ainsi un précédent sous le Mécanisme de Développement Propre (MDP) de l’ONU. Même si cette décision est un pas dans la bonne direction pour l’action climatique, il faut considérer les leçons apprises afin de s’assurer que les droits des communautés locales au Panama et dans tout le monde soient complètement protégés.
Après des années de controverses et de défis pour les autochtones Ngabe et la communauté internationale, le Panama retira formellement son appui à l’enregistrement du projet sous le MDP, action qui sera effective à partir de la 92e réunion de la junte du MDP. Ceci est la première fois qu’un pays hôte retire le registre d’un projet du MDP et efficacement interdit l’émission de carbone de Barro Blanco. Le Panama fait valoir que le document de conception du projet ne correspond plus à son évaluation d’impacts environnementaux.
‘Nous accueillons ce mouvement sans précédent et l’audace du gouvernement panaméen. En retirant leur enregistrement du projet Barro Blanco, le Panama a envoyé un fort message à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) disant que le solutions climatiques doivent respecter les droits humains. Il est clair que les standards de la MDP, qui n’ont pas protégé les communautés Ngabe, doivent être renforcés’, explique Alyssa Johl, fondatrice du Climate Rights Collective.
Depuis que s’est rompue la terre il y a presque 10 ans, les communautés Ngabe autochtones affectées locales se sont opposées au projet étant donné que le barrage s’attend à inonder leurs maisons et sites religieux et culturels. Le développeur du projet GENISA n’a pas consulté de manière adéquate les peuples affectés et n’a pas obtenu le consentement libre, préalable et informé du peuple Ngabe avant de commencer sa mise en place.
‘Malheureusement, ce retrait n’aura aucun effet direct sur les communautés affectées qui sont toujours inondées par le barrage. Nous espérons que cette mesure créera aussi un élan vers une résolution pacifique du conflit. Nous en appelons au gouvernement pour vider le barrage sous les limites de la région et d’engager des discussions afin de trouver une solution équitable qui implique toutes les parties affectées’, dit Osvaldo Jordan, directeur de la Alianza para la Conservación y el Desarrollo (ACD).
Le MDP a deux objectifs: réduire les émissions et promouvoir le développement durable dans les pays en développement, vraisemblablement via la promotion d’investissements qui obtiennent des réductions d’émissions rentables et supplémentaires à celles qui seraient arrivées sans ces investissements.
Cependant, plusieurs projets du MDP étaient dépourvus d’intégrité environnementale, n’ont pas contribué au développement durable et d’autres ont eu de graves conséquences sociales, environnementales et sur les droits humains.
‘Nous demandons aux membres du CCNUCC qu’ils apprennent du projet Barro Blanco en améliorant les consultations des parties intéressées et en développant des garanties sociales et environnementales solides pour les mécanismes de marchés futurs. Ces garanties sont déjà communes dans les institutions financières multilatérales’, signale Juliane Voigt, chargé des politiques de développement durable chez Carbon Market Watch.
L’Accord de Paris créa deux nouveaux objectifs sur le marché de carbone qui doivent apporter des bénéfices pour le développement durable. Les débats techniques portant sur plus de détails de ces objectifs sont actuellement en négociation dans la COP 22.
Contacts:
Juliane Voigt, Chargé de politique d’observation du marché de carbone pour le développement durable
juliane.voigt@carbonmarketwatch.org
00 212 6 15 29 86 75
Osvaldo Jordán, Directeur de la Alianza para la Conservación y el Desarrollo
osvaldojordanpanama@yahoo.com
00 507 6427 1339
Alyssa Johl, fondatrice du Climate Rights Collective
alyssajohl@gmail.com
00 1 510 435 6892