Depuis mai 2017, Canacol dispose de licences du gouvernement colombien pour mener des projets de fracturation hydraulique dans les départements de Cesar et de Santander. L’entreprise a également établi un partenariat avec ConocoPhillips (une entreprise d’extraction américaine) en vue de débuter ses activités. La production de pétrole pourra légalement commencer une fois qu’ils recevront les permis nécessaires des autorités environnementales colombiennes. Ces dernières exigent que les sociétés multinationales consultent et informent les communautés concernées des risques environnementaux associés aux projets de fracturation.
Sur son site web, la compagnie se revendique comme promouvant le développement durable, la recherche de meilleures pratiques en matière de gestion sociale, le respect des salariés et des communautés voisines, de l’environnement et de la santé. Malgré ses engagements, et malgré le fait qu’elle ait signé le Pacte mondial des Nations Unies des Principes volontaires sur la sécurité et les droits de l’homme, elle néglige ses responsabilités auprès du peuple colombien. En effet, Canacol manque à ses obligations, et continue de prioriser ses buts lucratifs tout en ignorant les droits des communautés impactées par ses projets.
De nombreux membres de ces communautés sont opposés au projet. Des organisations locales dirigées par la “Corporation in Defense of Water, Territory and Ecosystems” (CORDATEC) ont par ailleurs réussies à mobiliser cette opposition. Néanmoins, CORDATEC rapporte que les leaders sociaux liés à l’organisation ont été la cible d’actes de violence; en effet, le 23 janvier 2019, José Orlando Reina, un dirigeant de CORDATEC, s’est fait tirer dessus au centre-ville de San Martín.
En novembre 2018, les autorités environnementales colombiennes (ANLA) ont rejetées la demande de Canacol et ConocoPhillips visant l’obtention de permis pour entreprendre leur projet de fracturation hydraulique. Le processus de consultation des entreprises a été jugé insuffisant parce qu’il manquait de transparence quant aux risques environnementaux associés à leur projet.
Selon de nouvelles informations, l’ANLA a réitéré en mars dernier sa décision de refuser le permis environnemental aux deux multinationales. Néanmoins, les deux entreprises peuvent demander de rouvrir la demande de permis pour de futurs projets, ce qu’elles ont décidé de faire. Le refus n’est donc pas définitif.
Étant donné le rôle clé de la communauté internationale quant au future des opérations de l’entreprise, Sandra Teresa Covone, écrivant pour le Projet Accompagnement Solidarité Colombie, souligne le fait que les incidents récents exigent l’attention de la communauté canadienne et internationale. Elle présente les recommandations suivantes:
– Que le gouvernement canadien remplisse sa promesse de janvier 2018 de nommer un ombudsman ayant pour mandat d’enquêter sur les violations des droits de la personne liées aux activités des multinationales canadiennes.
– Que la communauté internationale continue de se mobiliser contre les violations flagrantes des droits de l’homme facilitées par les EMNs et les accords de libre-échange en créant des institutions et procédures juridiques appropriées pour juger les cas comme celui-ci.
– Que le gouvernement colombien enquête de manière sérieuse sur les crimes commis contre les défenseur.ses des droits humains et leur fournisse une protection adéquate.
– Que le gouvernement colombien diversifie son modèle économique en se concentrant moins sur les industries extractives, en investissant d’avantage dans les projets d’énergie renouvelable et en se joignant à l’engagement de la communauté internationale de réduire les émissions mondiales de CO2.
Source : Projet Accompagnement Solidarité Colombie
Crédit photo : ConocoPhillips