HomeNouvellesLes attaques contre les défenseurs des droits humains connaissent une croissance exponentielle sous le gouvernement de Giammattei

Les attaques contre les défenseurs des droits humains connaissent une croissance exponentielle sous le gouvernement de Giammattei

Avec la participation de Claudia Paz y Paz, Juana Bacá et Evelyn Blanck, ils présentent un rapport semestriel sur la situation des défenseurs des droits humains dans lequel l’augmentation des attaques et l’affaiblissement de la démocratie au Guatemala sont évidents.

Par Juan Calles

En deux ans et demi, le régime d’Alejandro Giammattei a permis 2 646 attaques contre des défenseurs des droits humains dans le pays, dépassant ainsi les deux gouvernements précédents pendant toute la durée de leur mandat.

Selon le rapport présenté ce matin par l’Unité de protection des défenseurs des droits humains au Guatemala (UDEFEGUA), l’augmentation des agressions contre les défenseurs dans différentes régions est alarmante.

« Le Guatemala assiste à une augmentation de la répression et des persécutions politiques contre ceux qui défendent les droits humains ou les droits fondamentaux dans le pays… Aujourd’hui, les agressions sont dirigées en particulier contre les opérateurs de justice, les journalistes et les défenseurs de l’environnement. Ces personnes sont soumises à un climat de harcèlement, d’acharnement et de persécution pénale fallacieuse à leur encontre », a déclaré le directeur de l’UDEFEGUA Jorge Santos.

Parmi les agressions enregistrées de janvier à juin 2022, un total de 272 étaient dirigées contre des opérateurs de la justice, c’est-à-dire des juges, du personnel judiciaire, des procureurs, des procureurs adjoints, des membres du bureau du médiateur des droits de l’homme, etc. De plus, 114 agressions ont été dirigées contre des défenseurs des droits humains cherchant à résoudre une situation juridique dans le système judiciaire, des victimes du conflit armé interne, des membres de la famille de victimes de fémicide et de violence ordinaire. Le troisième groupe qui subit le plus d’agressions est celui des journalistes et des communicateurs, avec un total de 51 agressions au cours du premier semestre 2022. Dans ce groupe, nous connaissons des personnes qui se sont exilées, qui font l’objet de mandats d’arrêt ou qui ont été emprisonnées. Enfin, un autre groupe important est celui des défenseurs des droits environnementaux. Ces derniers ont subi 47 attaques de janvier à juin 2022.

 

« Lorsque vous attaquez un journaliste, vous attaquez la société dans son ensemble  »

Evelin Blanck du centre CIVITAS, qui a participé en tant que panéliste à la présentation du rapport, a déclaré que la violence contre les journalistes au Guatemala est un continuum historique, mais qu’au cours des deux dernières années, la criminalisation et le harcèlement sélectif des journalistes en tant qu’expressions particulières s’ajoutent aux menaces, à la coercition et à la discrimination contre les femmes journalistes et les journalistes communautaires à l’intérieur du pays.

« Depuis le départ de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala, la CICIG, les attaques contre les journalistes ont augmenté. Six d’entre eux ont quitté le pays, non seulement parce qu’ils savent que l’État ne les protégera pas, mais aussi parce que l’État les attaqué. La criminalisation et le discours de terreur contre la presse qui s’exerce aujourd’hui et le fait de s’attaquer au fonctionnement des médias est grave, car ce n’est pas seulement le journaliste qui est attaqué, mais aussi le fonctionnement des médias, comme ce qui se passe actuellement avec le directeur financier de elPeriódico », a commenté Blanck.

Evelin Blanck a ajouté que de nombreux journalistes avec lesquels elle s’est entretenue pensent que leur prochaine destination est de quitter le Guatemala. La liberté de la presse est attaquée, ce qui est considéré comme une attaque contre l’ensemble de la population guatémaltèque, car sans accès à l’information et à la possibilité d’être informé, c’est toute la société qui est vulnérable. « Quand un journaliste est attaqué, c’est toute la société qui est attaquée », a-t-elle déclaré dans son discours.

Claudia Paz y Paz : « La criminalisation n’est pas seulement l’utilisation abusive du droit pénal, c’est aussi l’utilisation des “NetCenters” pour attaquer les défenseurs des droits humains ».

L’ancienne procureure générale de la nation, Claudia Paz y Paz, qui est actuellement directrice du Centre pour la justice et le droit international (CEJIL), a réfléchi aux données fournies par le rapport de l’UDEFEGUA dans lequel 272 agressions sont dirigées contre des opérateurs de justice et leurs implications.

« Nous avons trouvé un schéma où il y a des personnes qui utilisent les “NetCenters” avec des informations privilégiées et à partir de là annoncent des cas de persécution contre les opérateurs de justice et les journalistes. C’est un schéma qui se répète dans toute la région (Nicaragua, Salvador et Honduras) et qui a son expression maximale au Nicaragua où aujourd’hui il y a des personnes emprisonnées dans des conditions d’isolement », a-t-elle ajouté.

 

La directrice du CEJIL a jugé inquiétant de voir comment les tactiques utilisées au Nicaragua pour attaquer les défenseurs des droits humains sont reproduites au Guatemala, au Salvador et au Honduras.

Nouvelle publiée le 24/08/2022 dans Prensa comunitaria