NOUS, LES AUTORITÉS AUTOCHTONES ANCESTRALES B’OQ’OL Q’ESAL TENAM TX’AUL, K’USAL, NAAB’A’ DE LA RÉGION IXIL, CHAJUL, COTZAL ET NEBAJ, DÉCLARONS :
- Notre rejet et notre indignation proviennent des actes réalisés par le ministère public et la Police nationale civile, avec l’autorisation du pouvoir judiciaire, dans les locaux du média El Periódico et la résidence de son président, José Rubén Zamora, le vendredi 29 juillet 2022. Les excuses présentées par le Procureur responsable du Bureau du Procureur contre la Corruption et l’Impunité (FECI) concernant la confidentialité de l’affaire ne justifient pas leurs actions, qui sont totalement discréditées aux yeux du public et de la communauté internationale.
- Ce n’est pas la première fois que ces événements se produisent. Il y a eu plusieurs cas d’attaques contre des médias et des journalistes perpétrés par des fonctionnaires et des employés de l’État, en particulier la Police nationale civile.
- Le 16 juin 2022, nous avons envoyé une lettre ouverte à la Cour suprême de justice et déclaré qu’un système judiciaire coopté est l’un des éléments qui indiquent le début d’une nouvelle ère de corruption.
UN GOUVERNEMENT QUI RÉPRIME LA LIBERTÉ D’EXPRESSION ET LA LIBERTÉ DE PENSÉE N’EST NI DÉMOCRATIQUE NI RÉPUBLICAIN. C’EST UNE DICTATURE.
- Nous nous joignons aux manifestations de solidarité avec José Rubén Zamora, sa famille, ainsi qu’avec les travailleurs qui ont été détenus du média El Periódico dont Mr. Zamora est le président.
- Nous rejetons les actions du ministère public, les excuses du Procureur en chef de la FECI et les personnes corrompues identifiées par les États-Unis qui se cachent derrière le secret de l’affaire, ainsi que l’utilisation de véhicules sans plaques d’immatriculation dans l’opération, entre autres.
- Nous demandons aux Associations guatémaltèques de journalistes indépendants et à la Fédération internationale de la presse d’accompagner le processus de M. José Rubén Zamora afin d’éviter la fabrication de preuves et de crimes, ainsi que la justification de la répression du journaliste. Nous demandons aussi cet accompagnement pour les journalistes qui subissent la même répression, mais qui n’ont pas de couverture médiatique.
- Nous demandons au Rapporteur spécial pour la liberté d’expression, M. Pedro Vaca Villarreal, ainsi qu’au Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la liberté d’opinion et d’expression, Mme Irene Khan, de condamner ces mécanismes corrompus utilisés par le gouvernement guatémaltèque pour réprimer les journalistes et les médias indépendants au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et à la Commission interaméricaine des droits de l’homme.
- Nous demandons au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et à la Commission interaméricaine des droits de l’homme de garantir l’exercice de la liberté de la presse au Guatemala, car il s’agit d’un droit et d’un pilier fondamental de la démocratie et de l’État de droit constitutionnel et démocratique.
- Nous leur demandons également de garantir aux populations maya, xinka, garifuna et métisse du Guatemala que le peu qui reste de démocratie ne continue pas à être vilipendé par les gouvernements et les fonctionnaires.
- Nous rejetons l’exagération d’une prétendue attaque contre M. Alejandro Giammattei à Huehuetenango, visant à créer un écran de fumée pour détourner l’attention de la population et de la communauté internationale de l’arrestation de M. José Rubén Zamora et l’atteinte à la liberté de pensée, d’expression et de conscience réglementée par l’article 35 de la Constitution politique de la République du Guatemala.
Publié le 31 juillet 2022, sur le territoire Ixil, par Paolina Albani