La compagnie minière Los Pelambres du groupe Luksic a délivré au Système d’Évaluation de l’Impact Environnemental (SEIA) de la région de Coquimbo une Étude d’Impact Environnemental du Projet d’Infrastructure Complémentaire de 11 milliards de dollars. La compagnie se base sur un accord préalable conclu avec la communauté de Salamanca; toutefois, le sujet génère des différends entre les habitants du Valle del Choapa et les parlementaires de la zone, alors qu’ils sont au cœur d’un processus judiciaire contre l’entreprise.
« Projet clé pour atteindre à nouveau les niveaux de production qu’avait Pelambres », comme le présente le directeur général de l’entreprise, Robert Mayne-Nicholls, la nouvelle initiative d’expansion d’un milliard de dollars introduit deux nouveaux moulins à Planta Chacay, ce qui permettrait à l’entreprise de « faire face à la dureté élevée du minerai ».
De plus, l’entreprise a annoncé la construction d’une usine désalinisatrice dans la municipalité de Los Vilos et un système d’impulsion qui permettra d’assurer l’alimentation d’eau industrielle pour l’opération minière, même en conditions de sècheresse. Avec cela, la compagnie minière affirme faire sa part concernant un des compromis faits avec la communauté de Salamanca en mars 2015, et soutient que tout besoin supplémentaire d’eau pour l’opération sera comblé avec de l’eau de mer.
De fait, le projet affirme qu’il « n’envisage pas d’augmentation ou de diminution de la consommation d’eau fraîche des sources de ravitaillement approuvées à l’heure actuelle ». Malgré cela, le rapport n’a pas entraîné l’approbation populaire au sein de la zone.
La sénatrice du PPD dans la région de Coquimbo, Adriana Muñoz, a signalé que « depuis toujours, les communautés de Choapa ont vu comme une menace l’installation de l’industrie minière, et par-dessus tout, aujourd’hui, son expansion. Il y a eu toute une mobilisation pour empêcher la présentation de cette étude pour étendre l’exploitation, mais le pire n’a pas pu être stoppé. »
La sénatrice rappelle que l’année dernière, d’intenses mobilisations se sont réalisées à Salamanca et Caimanes et ont fait de graves blessés. Suite à des tirs par balles, la perte d’un œil d’une des dirigeants a été constatée, entre autres blessures.
Dans ce processus, il y a eu des différences entre les deux communautés, et l’entreprise est parvenue à un accord avec un groupe de la communauté de Salamanca compromettant l’usine désalinisatrice, alors que pour un secteur de la communauté, ce compromis ne serait pas suffisant.
Un autre élément qui a généré des différences est la promesse de l’entreprise minière de créer de nouveaux emplois. Dans ce cas, Pelambres affirme que, dans cette phase, on croit pouvoir employer jusqu’à 3300 travailleurs, desquels au moins trente pour cent proviendraient de Los Vilos, Salamanca et du reste des communautés de la province de Choapa et de la région de Coquimbo. Pour les dirigeants de Salamanca, cela peut inciter à l’acceptation de l’usine pour quelques membres de la communauté du secteur.
La situation est différente à Caimanes, où il y eu une forte opposition à la mine, mais où l’entreprise a également démontré son désir d’expansion. Bien que rien n’ait encore été confirmé, la dirigeante Diana Araya signale qu’ils sont « en alerte ».
« Je ne sais pas la date, ni quand, ni s’ils ont demandé l’autorisation, mais l’entreprise a exprimé son intention d’élargir le bassin. Ce serait d’un maximum de 60 mètres, mais pour nous, cela représente beaucoup et nous préoccupe car la construction est déjà gigantesque, et qu’agrandir de 60 mètres verticalement, cela augmente évidemment le risque que le bassin s’effondre. »
Rappelons que dans la localité de Caimanes, une forte dispute juridique s’est développée avec l’entreprise sur le sujet des dommages que pourrait produire le bassin El Mauro, qui a été déclaré par la même Cour Suprême comme « dangereux », et ce, pour de multiples raisons. Il met d’abord à risque l’écoulement naturel des eaux de l’Estuaire de Pupío, et c’est pourquoi il fut avisé de retourner les eaux à leur cours naturel. De plus, un éventuel mouvement de terre ou tout autre type de catastrophe pourrait mener à l’écroulement du bassin, exposant ainsi à des dangers la communauté environnante et pouvant causer des morts.
En ce sens, le dirigeant Cristián Flores, du Comité pour la Défense de Caimanes (Comité de Defensa de Caimanes), a soutenu que derrière cette nouvelle, il y a une stratégie de l’usine pour continuer dans le secteur et éviter à tout coût la démolition du bassin El Mauro : « Ils donnent l’impression que les communautés demandent à grands cris l’usine désalinisatrice, mais en arrière de cela, il y a le jugement de la Cour Suprême. L’entreprise et les autorités savent que l’entreprise n’a aucune, aucune chance de réétablir le libre écoulement des eaux de l’Estuaire de Pupío, et qu’un des échappatoires que l’entreprise pourrait utiliser pour éviter le jugement de la Cour Suprême serait de proposer aux autorités d’effectuer l’approvisionnement en eau potable jetant de l’eau salée à la rivière, traitée avec l’usine de désalinisation. »
Pour Flores, l’idée du « projet d’élargissement » est une « farce », parce qu’elle n’implique pas seulement un élargissement mais également une nouvelle mine, qui justifierait ainsi l’élargissement du bassin et la continuité du projet malgré un jugement opposé de la Cour.
De la même façon, le Tribunal Suprême a décrété la nécessité d’élaborer des plans de contingence, ce que l’entreprise a fait, mais sans le processus de participation qui était requis, ce qui fait qu’au final les dirigeants ne s’y sont pas conformés. En ce moment, l’entreprise minière aurait l’intention d’arriver à un accord avec les dirigeants de Caimanes, selon ce que soutient Flores, en versant un paiement de 28 millions, ce qui est fortement contesté par un groupe d’entre eux qui souhaitent maintenir cette dispute légale avec l’entreprise.