Le MAB, mouvement social du Brésil rassemblant les personnes affectées par les barrages, rejette la décision de la justice fédérale de suspendre les procédures criminelles contre les 22 personnes présumées responsables de la rupture du bassin de résidus Fundão, qui a tué 19 personnes et provoqué une fausse couche. Le bris est survenu à Bento Rodrigues, dans le district de Mariano, en novembre 2015, et a contaminé plus de 880 kilomètres du fleuve Doce, affectant plus d’un million de personnes.
Jacques de Queirós Ferreira, juge à la Cour de justice fédérale de Ponte Nova (État de Minas Gerais) a admis l’argument de la défense selon lequel les écoutes téléphoniques sont illégales. Cette décision est favorable à Ricardo Vescovi de Aragão, président suspendu de Samarco; Ricardo Vescovi de Aragão, Kleber Luiz de Mendonça Terra, gestionnaires des opérations de la compagnie; aux 11 membres du Conseil d’administration de Samarco, et aux cinq représentants de Vale et BHP Billiton représentant la gouvernance de Samarco, visés par la poursuite criminelle. Ils sont aussi accusés d’avoir causé l’inondation, le bris du barrage et des blessures graves.
Il est scandaleux que cette décision soit la seule réponse donnée par la justice aux personnes affectées et à l’ensemble de la société brésilienne 21 mois après le crime. Celle décision renforce, encore une fois, l’absence de confiance face au système de justice brésilien, qui agit en faveur des entreprises minières responsables du plus grand crime environnemental dans l’histoire du Brésil. En mars 2016, après un désaccord au sujet de la juridiction appropriée, l’enquête criminelle menée par la police civile a été suspendue, ce qui a retardé l’enquête. Un an plus tard, les accusés visés par la procédure ont signé une entente de collaboration avec la Cour de justice de Minas Gerais. En vertu de cette entente, les défendeurs assument la responsabilité d’organiser le processus de compensation pour les résidents de Governador Valadares, municipalité affectée par la contamination de l’eau. La « médiation » du conflit selon les dispositions de cette entente répond à une logique fallacieuse, alors que le processus est géré par les bureaux des entreprises accusées, restreignant l’accès à la justice pour les familles.
Moins d’un mois auparavant, le juge de la 12e Cour fédérale a suspendu la poursuite civile du Ministère Public Fédéral, qui dénonçait, parmi d’autres violations, la non-participation des personnes affectées dans la création de la Fondation Renova devant verser une compensation pour les dommages causés. Cette situation affaiblit la capacité de faire pression sur les défendeurs pour qu’ils respectent leurs obligations de reconstruction. Là aussi, le juge a ignoré dans cette décision la position du Ministère Public, rejetant la demande de non-interruption de la poursuite criminelle.
Pendant ce temps, les entreprises minières continuent de s’imposer pour contrôler l’ensemble des aspects des discussions sur les réparations du bassin du Rio Doce et pour faire obstacle aux processus d’organisation des personnes affectées et à toute forme d’autonomie face au pouvoir politique des entreprises. De même, les entreprises persistent à mettre de l’avant de la comédie du soi-disant « dialogue social », qui fait la promotion de la division, du mensonge et de la justification continue des délais dans les actions des entreprises.
Face à la partialité totale du système de justice brésilien, dans une période de coup d’État et de destruction des droits, les personnes affectées sur les rives du Rio Doce réaffirment leur engagement et leur conviction quant à la nécessité de s’organiser par la base et de promouvoir des mobilisations de masse pour assurer la construction des infrastructures de réinstallation, ainsi qu’une régénération environnementale holistique, la réactivation économique des communautés, l’accès à une eau de qualité dans l’ensemble des zones affectées, une compensation juste, parmi de nombreux droits bafoués par Samarco.
Le système judiciaire brésilien démontre de façon croissante son éloignement des objectifs du peuple et son application sélective de la loi. Ceci, même dans le cas de l’un des plus grands désastres sociaux et environnementaux de l’histoire du Brésil, qui a détruit un bassin hydrographique entier. Nous, les personnes affectées par les barrages, croyons que seuls les peuples organisés et en lutte, sommes capables de garantir la justice et le respect des droits.
Nous continuerons de marcher pour la défense d’un monde de dignité, de solidarité et de respect.
8 août 2017
Mouvement des personnes affectées par les barrages – MAB
Movimento dos Atingidos por Barragens – MAB
Source: MAB