La semaine dernière, 50 organisations canadiennes, mexicaines et internationales, dont le British Columbia General Employees Union (BCGEU) et l’Union of British Columbia Indian Chiefs (UBCIC), ont écrit à la British Columbia Investment Management Corporation (BCI) concernant son investissement dans la société minière Equinox Gold, basée à Vancouver.
Les organisations exhortent le fonds à engager un dialogue avec Equinox sur les violations de dispositions clés de son accord de coopération sociale avec la communauté de Carrizalillo à Guerrero, au Mexique, sur le terrain duquel se trouve principalement la mine phare de la société, Los Filos. Les violations de l’accord ont conduit la communauté à agir sur ses droits dans ce même accord et à fermer la mine pendant plus de 60 jours. Les principaux problèmes concernent l’approvisionnement en eau potable, les médicaments, les bourses d’études, les emplois et les contrats, ainsi que le traitement discriminatoire et raciste de la communauté par la direction de l’entreprise, qui cherche à résoudre ces questions par le dialogue. En particulier, depuis la mise en service de la mine de Los Filos en 2008, les sources d’eau des communautés ont été asséchées ou contaminées par l’arsenic et d’autres métaux lourds.
La lettre met en évidence des préoccupations importantes et graves pour la sécurité, la santé et le bien-être économique de la communauté, en précisant « Nous ne comprenons pas pourquoi, au lieu de s’engager rapidement et de bonne foi, l’entreprise a décidé d’adopter une position dilatoire, discriminatoire et abusive, notamment pour criminaliser les actions de la communauté ». Le 4 septembre, la société a publié une déclaration publique qualifiant le campement de la communauté de « barrage routier illégal », faisant courir aux gens un risque grave de persécution légale et de violence, ce qui est trop fréquent sur les sites miniers au Mexique.
La grève de la communauté dépasse désormais de loin la dernière fermeture de Los Filos en avril 2014, qui a duré 33 jours après que Goldcorp n’ait pas réussi à conclure un nouvel accord d’utilisation des terres avec la communauté. Equinox exige l’accès aux terres de Carrizalillo pour exploiter la mine de Los Filos et n’a aucun moyen légal ou légitime d’opérer sans leur accord.
Les signataires de la lettre, dont certains comptent parmi les contributeurs au fonds, font écho aux principales demandes de l’Ejido de Carrizalillo, notamment
– Engager des discussions respectueuses et sérieuses sur un nouvel accord de coopération sociale qui pourrait atténuer les dommages causés à l’eau, à la santé, au travail et à la sécurité de la communauté.
– S’abstenir de tout nouvel acte de criminalisation, de discrimination, de racisme et d’abus de son influence économique et politique.
Vous pouvez trouver la lettre ci-dessous.
Peter Milburn
Président du conseil d’administration
British Columbia Investment Management Corporation
cc : Conseil d’administration, BCI
Ref : engagement de BCI avec Equinox Gold sur Los Filos au Mexique
Cher M. Milburn et directeur.ice.s du conseil d’administration,
Les organisations soussignées écrivent avec une profonde inquiétude pour les risques pour la santé et la sécurité de la communauté de Carrizalillo dans l’état de Guerrero, au Mexique, sur les terres où est exploitée la mine d’or Los Filos d’Equinox Gold.
La British Columbia Investment Management Corporation (BCI) détient des parts dans Equinox Gold, qui, nous tenons à vous informer, n’a pas respecté l’accord de coopération sociale avec Carrizalillo depuis qu’elle a acquis la mine Los Filos de Leagold en mars 2020. Dans ce court laps de temps, Equinox a enfreint des dispositions clés de l’accord concernant des questions comme l’approvisionnement en eau potable, les médicaments, les bourses d’études, les emplois et les contrats d’équipement et de machines, entre autres, et a répondu par un traitement discriminatoire et raciste aux efforts de la communauté pour résoudre ces questions par le dialogue.
Après trois mois de recherche du dialogue pour résoudre ces enjeux, l’assemblée communautaire de Carrizalillo a exercé son droit, tel que prévu dans ce même accord, d’arrêter pacifiquement les activités de la mine à partir du 3 septembre 2020. Aujourd’hui, après plus de soixante jours de fermeture de la mine, la communauté continue d’exiger le respect auprès d’Equinox et un processus de négociation d’un nouvel accord qui garantirait que de telles violations ne se reproduisent plus. La société, au lieu de répondre aux demandes de la communauté, s’efforce de discréditer Carrizalillo au niveau de l’État et du fédéral, ce qui augmente les risques auxquels la communauté est déjà confrontée.
Nous ne comprenons pas pourquoi l’entreprise a décidé d’adopter une position dilatoire, discriminatoire et abusive, notamment pour criminaliser les actions de la communauté, au lieu de s’engager rapidement et de bonne foi. Le 4 septembre, la société a publié une déclaration publique qualifiant le campement de la communauté de «barrage routier illégal». Cette action, ainsi que d’autres fondées sur des mensonges que les autorités mexicaines n’ont pas acceptés, expose les membres de la communauté à un risque grave de persécution légale et de violence, ce qui n’est que trop fréquent dans les sites miniers du Mexique.
Carrizalillo dépend d’un accord de coopération sociale solide pour atténuer – bien que de façon minime – les graves impacts qu’ils et elles ont subis sur leurs sources d’eau qui ont été épuisées ou contaminées depuis la mise en service de la mine Los Filos en 2008. Le peu d’eau dont ils et elles disposent actuellement est contaminée par l’arsenic et n’est pas adaptée à l’usage humain. Cela signifie que les gens se baignent tous les jours avec de l’eau mélangée avec de l’arsenic et d’autres métaux lourds qui nuisent à leur santé et les mettent constamment à risque, et implique un coût annuel excessif pouvant atteindre 100 000 pesos ou 6 300 dollars canadiens par famille pour l’eau en bouteille.
Ce conflit qui dure depuis plus de 60 jours aurait pu être résolu rapidement et n’aurait jamais dû s’aggraver au point où il en est aujourd’hui, considérant que tout a commencé parce que l’entreprise ne voulait pas donner suite aux accords signés. Récemment, l’entreprise a encore alimenté le feu en entrant en confrontation avec les deux sections locales du syndicat de la mine, ainsi qu’avec les entrepreneur.e.s, auxquel.le.s elle a envoyé des avis de suspension des accords contractuels.
Nous sommes conscient.e.s que BCI s’est explicitement engagée à «engager directement avec les entreprises un dialogue constructif pour encourager les améliorations, en fonction de notre niveau de contrôle et d’influence, lorsque nous identifions un risque ESG qui doit être géré». Dans cette optique, nous demandons à BCI d’engager un dialogue avec Equinox Gold concernant ces préjudices et menaces afin qu’elle corrige cette situation de manière rapide et respectueuse avec la communauté de Carrizalillo.
Plus précisément, nous faisons écho aux demandes de l’Ejido de Carrizalillo et demandons au BCI d’exhorter Equinox à:
– Répondre rapidement et de manière transparente aux communications de l’Ejido et envoyer une nouvelle équipe de négociateur.ice.s au campement
– Engager des discussions sérieuses et respectueuses sur un nouvel accord de coopération sociale qui pourrait atténuer les dommages causés à l’eau, à la santé, au travail et à la sécurité de la communauté.
– S’abstenir de tout nouvel acte de criminalisation, de discrimination, de racisme et d’abus de son influence économique et politique.
En tant qu’organisations canadiennes, mexicaines et internationales, dont certaines sont gérées par la BCI, nous espérons que vous prendrez rapidement des mesures afin d’éviter tout nouveau préjudice à une communauté qui a déjà tant souffert. Outre les graves préoccupations concernant la sécurité, la santé et le bien-être économique de la communauté, Equinox crée un risque inutile pour ses actionnaires en prolongeant la suspension de sa mine phare.
Nous vous remercions par avance de l’attention que vous porterez à cette question, et nous attendons avec impatience votre réponse.
Cordialement,
Academia Mexicana de Derecho Ambiental A. C, Mexico
Alianza Sierra Madre A.C
Atlantic Regional Solidarity Network, Canada
Asociación Cultural Q’anil, Guatemala
Asociación por la Protección de la Tierra y el Bienestar de Epazoyucan A.C. (APTyBE), Mexico
Bios Iguana, México
Blue Planet Project, Canada
British Colombia General Employees Union (BCGEU), Canada
CATAPA vzw, Belgium
Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas de Honduras COPINH, Honduras
Consejo de los Pueblos Wuxhtaj, Guatemala
Consultoría Técnica Comunitaria A.C, Mexico
Centro de Derechos Humanos de la Montaña « Tlachinollan », Mexico
Colectivo GeoComunes, Mexico
Comite Ixtepecano en Defensa de la Vida y el Territorio, México , Mexico
Committee for Human Rights in Latin America (CDHAL), Canada
Common Frontiers, Canada
CooperAcción, Peru
The Friends of the Stikine Society, B.C., Canada
Fundación Ecuménica Para El Desarrollo Y La Paz – FEDEPAZ, Peru
The Gaia Foundation
Grupo Territorio Género y Extractivismo (TGE), Mexico
Igapo Project, France
Institute for Policy Studies – Global Economy Program
Justiça nos Trilhos, Brazil
Mining Injustice Solidarity Network (MISN), Canada
Mining Justice Action Committee (MJAC), Victoria, Canada.
Mining Justice Alliance, Vancouver, BC, Canada
MiningWatch Canada
Movimiento Mesoamericano contra el Modelo extractivo Minero (M4)
Movimiento Morelense contra las Concesiones de Minería a Tajo Abierto por Metales, Mexico
Network in Solidarity with the People of Guatemala (NISGUA), United States
Otros Mundos Chipas, Mexico
Project on Organizing, Development, Education, and Research (PODER)
Public Service Alliance of Canada, BC Region, Canada
Procesos Integrales para la Autogestión de los Pueblos, Mexico
Projet Accompagnement Québec-Guatemala, Canada
Red Genero y Medio Ambiente, Mexico
Red Latinoamericana de Mujeres Defensoras de Derechos Sociales y Ambientales
Red Mexicana de Afectadas/os por la Minería (REMA) , Mexico
Romero House, Canada
Salva la Selva, Germany
Students for Mining Justice, UBC, Canada
TerraJusta, Bolivia
Union of BC Indian Chiefs, Canada
Wildsight, BC, Canada
Source: Mining Watch Canada