Veuillez trouver ici une lettre redigé par le Projet Accompagnement Québec Guatemala PAQG adressée à la ministre d’État aux Affaires étrangères pour les Amériques, Diane Ablonzcy, concernant la stratégie croissante de criminalisation et d’intimidation des défenseurs environnementaux guatémaltèques, dont nombre d’entre eux ont émis des préoccupations quant aux implications environnementales de projets miniers canadiens.
Organisations québécoises signataires
Projet Accompagnement Québec Guatemala
Comité pour les droits humains en Amérique latine
Coalition québécoise sur les impacts socio-environnementaux des transnationales en Amérique latine
Organisations canadiennes signataires
Atlantic Regional Solidarity Network
BC CASA/Café Justicia BC – Vancouver
Canada-Philippines Solidarity for Human Rights (CPSHR)
Vancouver Center for International Environmental Law
Washington Maquila Solidarity Network
Maritimes-Guatemala Breaking the Silence Network
Mining Justice Alliance, Vancouver
MiningWatch Canada
Mining Working Group, Maritime Conference, United Church of Canada
Network in Solidarity with the People of Guatemala, US
Rights Action – US/Canada
Social Justice Coalition – Montréal, Canada
PDF à la fin de cette page!
Texte de la lettre
Montréal, le 28 septembre 2012.
Honorable Diane Ablonczy
Au cours de la dernière année, des efforts répétés ont été pris pour tenter d’empêcher un groupe de défenseurs des droits de la personne de la municipalité de San Rafael Las Flores et son groupe d’appui légal d’exercer leurs droits civils et politiques de participer aux décisions au sujet de1 la mine d’argent Escobal, propriété de la compagnie Tahoe Resources enregistrée en Colombie-Britannique et dont Goldcorp est actionnaire à 40%. Nous sommes consternés d’apprendre qu’au cours des dernières semaines, de nouvelles allégations apparemment sans fondement ont été déposées contre ces défenseurs des droits de la personne. Nous sommes d’autant plus préoccupés que cela se soit produit au moment où la presse guatémaltèque faisait circuler des informations indiquant que l’industrie minière exerçait un important lobby auprès du gouvernement guatémaltèque pour accélérer l’émission des permis manquants pour l’autorisation de la phase d’exploitation de cette mine.
Au début août, des plaintes ont été déposées contre le Dr. Yuri Melini et cinq autres personnes. Le Dr. Melini est directeur du Centre d’action légale, environnementale et sociale (CALAS). Le CALAS est une organisation fondée en 2000 pour travailler à la défense des droits environnementaux par des moyens légaux et politiques. Le Dr. Melini a reçu en 2009 le Prix Front Line Defenders pour les défenseurs de droits humains à risque. Auparavant, Dr. Melini et d’autres membres de CALACS ont aussi reçu des menaces à cause du travail qu’ils réalisent, dont une tentative d’assassinat contre le Dr. Melini en septembre 2008. Selon Front Line Defenders, le Dr. Melini ne connaît pas les personnes qui ont présentées les plaintes.
Les autres personnes contre qui des plaintes ont été déposées sont tous membres du Comité de défense de la vie et la paix («le Comité San Rafael»). Parmi les activités réalisées par ce comité en lien avec le projet minier, notons l’effort récent d’organiser une consultation locale à San Rafael Las Flores qui donnerait aux résidents de la localité l’opportunité d’exprimer leur opinion sur le développement du projet de mine d’argent Escobal. CALAS et le Comité San Rafael rejettent de façon énergique les accusations faites contre eux. Cependant, on leur refuse la possibilité d’en appeler de cette décision, et ce faisant, on les prive d’un processus de justice juste et équitable.
Suites aux allégations portées contre le Dr. Melini, M. Rudy Pivaral, M. Oscar Morales et M. Gustavo Martínez, un juge d’une cour de district a remis un jugement provisionnel de culpabilité pour «violence contre des femmes». Il a également reconnu l’avocate Andrea Marcilia Hernández Melini coupable de «menaces». Le juge de paix de San Rafael La Flores, Estuardo de Jesús Barrientos Archila a par la suite rejeté un recours présenté par des représentants légaux de CA1LACS pour en appeler de cette décision. Selon Front Line Defenders, rejeter une telle demande va à l’encontre des lois guatémaltèques. Le juge a poursuivi en émettant un mandat contre le représentant de CALACS, Rafael Maldonado, accusant l’avocat de l’avoir calomnié et il a menacé de le dénoncer aux autorités compétentes s’il essayait d’initier à nouveau des actions similaires.
Cela représente la dernière d’une série de tentatives pour criminaliser les défenseurs environnementaux en lien avec le projet Tahoe, selon les informations recueillies par Front Line Defenders. Auparavant, d’autres
dénonciations avaient été portées contre plusieurs membres du Comité San Rafael, dont des allégations «d’usurpation de fonctions» pour l’implication de quelques membres comme représentants de la société civile dans un comité qui débat de la possibilité de la tenue d’une consultation communautaire, et une injonction contre le prêtre ayant appuyé la demande d’une consultation, et ce, malgré le fait que ce processus légal s’applique uniquement aux autorités publiques et non aux individus.
Pendant que des efforts sont déployés pour réprimer l’opposition au projet minier, la presse guatémaltèque rapportait qu’au cours des deux dernières semaines d’août, des représentants de l’industrie étaient en réunion avec des hauts fonctionnaires guatémaltèques pour faciliter le proc1essus d’octroi du permis environnemental dont Tahoe a besoin afin de procéder à la phase d’exploitation cette mine controversée.
La Prensa Libre rapportait le 17 août dernier que la Chambre de l’industrie du Guatemala (CIG) a exprimé sa préoccupation au président Otto Pérez Molina concernant la lenteur du processus pour l’octroi des permis miniers au Guatemala. Dans une manoeuvre peu usuelle, le président de la CIG, Andrés Castillo, est reporté avoir mentionné spécifiquement une compagnie et un projet en déclarant que le projet «le plus urgent» est celui de la Mine San Rafael (subsidiaire guatémaltèque de Tahoe) dans le département de Sant Rosa.
Nous vous écrivons afin de demander que votre bureau se renseigne sur la situation que nous venons de vous présenter et qu’il presse les autorités guatémaltèques afin qu’elles s’assurent d’un processus de justice équitable et transparent pour les défenseurs de droits humains. De plus, nous souhaitons que vous insistiez auprès de la compagnie minière afin qu’elle cesse toute tactique de pression qu’elle pourrait utiliser, appuyer ou tolérer pour faire avancer son projet et faire valoir ses intérêts au détriment des droits des résidents de la localité et des défenseurs qui les appuient. Dans le cas contraire, nous croyons que le scénario pour qu’éclate un conflit social diviseur, prolongé et potentiellement violent se répète, tel qu’il a été amplement documenté dans le cas de la mine Marlin de Goldcorp dans le Nord-Ouest du Guatemala, où des stratégies de criminalisation ont également été utilisées pour réprimer les défenseurs de l’environnement et comme ce fut le cas dans d’autres mégaprojets au Guatemala.
Merci de l’attention que vous portez à nos demandes. Veuillez agréer, Mme Ablonczy, l’expression de nos sentiments distingués.
cc.:
Ambassadeur canadien au Guatemala, M. Hugues Rousseau
Ambassade et consulat du Guatemala au Canada
Romeo Saganash, porte-parole de l’opposition pour le développement international
Peter Julian, porte-parole de l’opposition pour l’énergie et les ressources naturelles
Hélène Laverdière, porte-parole de l’opposition pour les Amériques
Paul Dewar, porte-parole de l’opposition pour les affaires étrangères
Paulina Ayala, porte-parole adjointe de l’opposition pour les Amériques
Eve Péclet, porte-parole adjointe de l’opposition pour les affaires étrangères
Craig Scott, porte-parole adjoint de l’opposition pour la justice
Jamie Nicholls, porte-parole adjoint de l’opposition pour l’énergie et les ressources naturelles