Publié par Megan Foy, La Presse, le 2 novembre 2024
Les préoccupations liées à l’immigration ont atteint de nouveaux sommets, jeudi, lorsque Québec a annoncé le gel de deux programmes d’immigration permanente. Samedi après-midi, plus d’une centaine de personnes ont entrepris une marche en solidarité avec les personnes sans statut migratoire, à Montréal.
Le rassemblement, qui a débuté vers 13 h à la sortie du métro Rosemont, était organisé par la Campagne québécoise pour la régularisation et la justice migrante. La foule était composée en grande majorité de personnes migrantes sans statut.
« Moi, mon mari et mes enfants, nous travaillons. On est une famille très intégrée, on paie nos impôts, on aime vivre au Québec », a témoigné Tina*, une travailleuse étrangère temporaire, qui a souhaité préserver l’anonymat par peur de représailles de l’Agence des services frontaliers.
D’après le gouvernement canadien, les migrants sans papiers sont des personnes qui n’ont pas l’autorisation de résider au Canada. La plupart de ces personnes ont atteint ce statut après avoir perdu celui de résident temporaire ou après avoir vu leur demande d’asile rejetée. « La promesse de régularisation tant attendue par les personnes sans statut, où est-elle ? », pouvait-on lire sur l’une des toiles menées à bout de bras par des manifestants.
Il y a quelques années, le gouvernement Trudeau avait promis qu’une régularisation des immigrants temporaires faisait partie des objectifs de son mandat. Or, le ministre canadien de l’Immigration, Marc Miller, a finalement indiqué qu’il n’y aurait pas de régularisation générale de ces migrants, le 24 octobre dernier. Le même jour, Justin Trudeau annonçait aussi la baisse des seuils en immigration au pays.
« Ces personnes doivent mettre leurs projets de vie entre parenthèses, vivre dans la vulnérabilité et subir toutes les formes d’abus et d’exploitation », a déclaré Lynda Khelil, responsable de la mobilisation.
Des demandeurs d’asile prenaient aussi part à la manifestation, comme Djibril Diallo.
« Être demandeur d’asile signifie aussi qu’on est embauché seulement par des agences de placement, [ce qui implique] du travail dangereux, des salaires très bas, du harcèlement et des accidents de travail. Mais nous avons notre dignité », a confié M. Diallo.
De nombreuses organisations en appui
Plus d’une quarantaine d’organisations, dont des associations syndicales et des organismes de partout au Québec, sont engagées dans la campagne.
Lors du rassemblement, le vice-président de la CSQ, Pascal Côté, a dénoncé la précarité dans laquelle se trouvent de nombreuses personnes migrantes et a ajouté qu’elles contribuaient grandement à la richesse du Québec, peu importe leur statut. Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) était également présent.
« Si on engage des migrants pour combler des besoins permanents, ils devraient accéder à un statut d’immigrant permanent », a résumé Mouloud Idir, représentant du syndicat des Métallos.
La marche a amorcé le début de la Semaine d’action pour la régularisation et la justice migrante, qui a lieu jusqu’au 9 novembre.