Source: Blog du Consejo de Pueblos Wuxhtaj-CPO
Nous, peuples mayas, souhaitons vivre en paix, et nous disons non aux nouvelles dépossessions
Son Excellence le Pape François,
Nous, peuples mayas organisés en Conseil, sommes venus jusqu’à San Cristobal de las Casas pour vous recevoir et vous écouter, porteurs de paix, de solidarité et d’espoir.
Nous souhaitons exprimer notre profonde préoccupation devant la violation systématique de nos droits fondamentaux, conséquence de l’implémentation du modèle extractiviste et de l’imposition de projets miniers, hydroélectriques, pétroliers, monocultivistes, parmi d’autres, réalisés sans le consentement ni la consultation de nos peuples. Nous considérons ce moment historique comme une nouvelle dépossession au nom d’un faux développement.
Devant cette situation, nous, peuples mayas et métisses avons exprimé nos demandes de manière pacifique et démocratique à travers des consultations de bonne foi, et avons fait usage de nos mécanismes de participation et de prise de décision tels que reconnus dans les conventions internationales comme la 169 de l’OIT et la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Indigènes; cependant, l’État du Guatemala, au lieu d’assumer ses responsibilités, a opté pour la judiciarisation des luttes sociales légitimes des peuples pour intimider, diviser et confronter nos communautés.
La conflictualité sociale que les entreprises et le gouvernement ont généré dans nos territoires nous indigne profondément, ainsi que par-dessus tout, la détention arbitraire de nos frères Ermitaño López, Adalberto Villatoro, Francisco Juan, Arturo Pablo, Domingo Baltazar et Rigoberto Juárez, leaders communautaires de Barillas, Santa Eulalia et San Mateo Ixtatan de Huehuetenango; pleinement reconnus comme des défenseurs des droits humains et gardés en prison préventivement depuis un an.
Nous reconnaissons au pape François sa qualité morale et sa sagesse profonde, et en cette occasion nous sollicitons son intervention devant les gouvernements qui, aujourd’hui, nous considèrent comme un obstacle à leurs intérêts économiques dans nos propres territoires, comme il y a plus de 500 ans.
- Une libération anticipée pour les prisonniers politiques Ermitaño López, Adalberto Villatoro, Arturo Pablo, Francisco Juan, Domingo Baltazar, Rigoberto Juárez e Mynor López, et l’assurance d’un procès juste, conformément à une procédure régulière établie par les lois nationales et les normes internationales.
- La protection des défenseurs des droits humains et leaders communautaires contre les actes d’harcèlement, d’intimidation, les menaces et les actes de violence de la part de l’État et des entreprises extractives, et la prise de mesures pour demander des comptes.
- Le respect des droits des peuples indigènes du Guatemala en accord avec les obligations internationales de l’État en matière de droits humains, comme la libre détermination des peuples, le droit à la consultation, au territoire et à l’organisation qui leur est propre.
- L’annulation des licences minières, hydroélectriques et pétrolières autorisées dans nos territoires, sans consultation de nos peuples.
Guatemala, février 2016
CONSEJO DE PUEBLOS MAYAS Y MESTIZOS -CPO- (Conseil des peuples mayas et métisses-CPO)