Publié par Resumen Latinoamericano, 28 juillet 2023
Le mardi 25 juillet, le sixième et dernier rapport du Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants (GIEI) a été présenté pour le cas d’Ayotzinapa : conclusions, avancées, obstacles et questions en suspens. A la lumière de ce qui précède, les organisations de la société civile soussignées, nous réitérons notre solidarité avec les familles des 43 étudiants disparus de l’école normale rurale d’Ayotzinapa, et nous reconnaissons les presque neuf années de lutte pour savoir où se trouvent les 43 étudiants disparus.
Le rapport est une compilation de tout ce qui a été appris sur cette affaire et contient des recommandations précises sur ce qu’il convient de faire à l’avenir.
Le gouvernement s’est engagé à clarifier l’affaire.
A cet égard, il convient de noter que le GIEI reconnaît l’existence d’informations générées par les institutions de l’État, en particulier le ministère de la défense nationale et de la marine,
qui contient des données clés sur la localisation des étudiants qui n’ont été transmises ni à ce groupe d’experts indépendants, ni à la Commission des droits humains de l’ONU, ni aux autorités fédérales chargées de l’enquête.
Ce rapport conclut le mandat du Groupe, créé dans le cadre du suivi de la mesure de précaution
409/2014 de la Commission interaméricaine des droits humains, en tant que groupe d’appui technique indépendant pour l’élucidation de l’un des cas de disparition qui, malgré toute la force institutionnelle mise en œuvre dans le cadre de l’enquête, se poursuit dans l’impunité.
Au vu de la conclusion du mandat du GIEI et de ses dernières conclusions, les organisations soussignées communiquent ce qui suit :
- Nous exprimons notre solidarité et notre gratitude aux mères et aux pères des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa. Leur volonté, leur ténacité et leur lutte avec les organisations qui les accompagnent et le GIEI, ont réussi à briser l’appareil institutionnel de l’impunité des disparitions. Leur lutte, qui accompagne celle de centaines de milliers de victimes de disparitions au Mexique, a envoyé un message fort de « plus jamais ça », que l’État a choisi d’ignorer.
- Nous approuvons les conclusions présentées dans ce dernier rapport et regrettons que le GIEI doive quitter le pays faute de conditions pour faire avancer son enquête. Ces conclusions montrent qu’il y a eu une dissimulation systématique d’informations qui expliquent le rôle de toutes les forces de sécurité – au-delà des forces municipales – dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014 à Iguala, dans l’État de Guerrero. L’opacité et la manipulation des informations sur l’implication de l’armée et de la marine rendent impossible la collaboration avec l’État mexicain pour éclaircir l’affaire. Cela ne nuit pas seulement au travail du GIEI et des organisations qui l’accompagnent, mais cela montre aussi que la présidence de la République n’est pas en mesure d’apporter des réponses aux questions posées par les autorités mexicaines. Ainsi, de l’avis général, la volonté politique des institutions civiles n’est pas à la hauteur du pouvoir militaire de l’État mexicain.
- Ce sixième et dernier rapport montre l’implication indéniable de l’armée et de la marine dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, dans les premières heures de la journée, ainsi que dans les événements ultérieurs menés pour cacher la vérité sur ce qui est arrivé aux 43 étudiants disparus. Malgré les efforts du GIEI, de la COVAJ, des organisations accompagnatrices, et même avec les indications claires du président de la République, le rapport n’a pas été publié.
Le rapport nous montre que les Forces armées ont systématiquement menti, tant par la négation des faits et de l’existence des documents, que par l’adaptation de leurs versions aux nouvelles informations présentées dans le cadre de l’enquête. Face à ces preuves et le pouvoir croissant des forces armées dans le pays, l’affaire Ayotzinapa nous amène à nous demander qui détient réellement le pouvoir. L’implication possible de différentes forces de sécurité, du niveau municipal aux forces armées, avec les groupes criminels organisés dans l’affaire d’Ayotzinapa, indique que la disparition forcée est un crime dont l’ampleur et la gravité ne sont pas connues de tous. La compréhension des pactes d’impunité et de la collusion entre les autorités et le crime organisé devrait être le point de départ de l’enquête sur les disparitions au Mexique. Ce sont elles qui font que les atrocités et les cas tels que la disparition des 43 étudiants continuent à se répéter. Elles ont plongé le Mexique dans une crise de la disparition depuis plus de 16 ans.
Enfin, nous faisons l’écho de l’appel des mères et des pères des 43 normalistes disparus et de leur demande d’une rencontre avec le Président de la République afin qu’il réponde aux preuves présentées dans le rapport, avec une proposition claire sur la manière d’éliminer les obstacles que les forces armées ont mis en place pour maintenir l’affaire dans l’impunité.
Source: https://www.resumenlatinoamericano.org/2023/07/28/mexico-organizaciones-respaldan-informe-del-giei-y-se-solidarizan-con-las-madres-y-padres-de-ayotzinapa/