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L’exploitation minière n’est pas un progrès, ni un investissement pour le pays : Mijangos Leal

L’exploitation minière n’est pas une option de progrès, ni de développement pour le pays, ni pour l’investissement, ni pour le bénéfice que cela signifie pour le gouvernement, a affirmé Miguel Ángel Mijangos Leal, du Réseau mexicain des personnes affectées par l’exploitation minière (REMA) Guerrero.

Il explique que l’exploitation minière ne représente même pas 1,5 pour cent du Produit Intérieur Brut (PIB) national, et que c’est à peine la moitié par rapport à l’agriculture – 3 pour cent du PIB –,  alors que ce secteur a été incité et à force imposé par les gouvernements.

En participant à la table ronde réalisée autour de l’exposition L’or ou la vie. Patrimoine bioculturel et méga exploitation minière : un défi multiple, qui a lieu à la Maison des Cultures contemporaines –2 Nord 1006, Centre Historique– de la UAP, Miguel Ángel Mijangos a donné un aperçu de l’exploitation minière à ciel ouvert, une branche de l’exploitation minière qui a causé une profonde dévastation et une problématique socio-environnementale au Mexique.

Explication des dangers de l’exploitation minière

Dans son communiqué, il a signalé que, pour avoir une concession, une compagnie  avec un capital privé étranger ou national paie à l’État mexicain de 5 à 8 pesos par hectare par an. « C’est ce que le gouvernement charge. Il ne les charge pas pour l’utilisation de l’eau, ni pour l’extraction des métaux du sous-sol. C’est une charge ridicule. »

Le membre du Rema a partagé plus de données pour démontrer que l’exploitation minière à ciel ouvert n’est pas synonyme de progrès comme le soutient le gouvernement mexicain, et que ce que payent les compagnies minières pour l’usage et l’exploitation de l’eau, du sol et du sous-sol national n’est pas juste.

À titre d’exemple, le spécialiste a parlé du « bénéfice économique » que laissent les compagnies minières à la Fédération, aux états et aux municipalités, lequel est également dérisoire puisque son calcul est seulement de 123 millions de pesos annuels, un montant qui doit être réparti entre les trois niveaux du gouvernement.

 

Ce chiffre de 123 millions de pesos, en outre, doit être comparé aux 4 milliards de pesos annuels de profits des compagnies minières, un chiffre qui doit être manipulé avec précaution puisqu’il y a de l’opacité tout au long du processus : « on ne sait pas combien est vendu, car, lorsqu’une compagnie paie le gouvernement, elle le fait seulement après avoir vendu ».

À ces données, Mijangos Leal ajoute la complicité des gouvernements et de l’appareil gouvernemental. « Les compagnies minières ne prennent pas en charge la destruction ; elles sont mêmes récompensées par le Secrétariat de l’Environnement et des Ressources naturelles, par le Procureur fédéral de la Protection de l’environnement ou par les conseillers qui reconnaissent et donnent des certificats à leur philanthropie ».

À l’opacité et au manque de transparence, l’activiste prévient qu’il faut ajouter les données maquillées, qui demeurent dévastatrices. Les chiffres officiels, par exemple, signalent l’existence de plus de 32.000 concessions au niveau national, ce qui signifie 26 pour cent du territoire national, soit un quart du pays ; pour simplifier, cela signifierait que l’État de Colima concéderait 41 pour cent de son territoire, soit près de la moitié.

 

D’autres chiffres, tout aussi impressionnant, disent qu’il ne s’agit pas de 32.000, mais de 51.000 hectares de concessions, ce qui signifierait 47 pour cent du territoire. Un chiffre provenant de l’Institut Fraser du Canada, une université financée par les compagnies minières et d’extraction, indique que ce sont 90 milliards d’hectares de concessions délivrées, ce qui signifierait 60 pour cent de la superficie.

 

« On ne peut pas croire pour le moins que ce chiffre est réel. Ce qui est sûr, c’est que toutes les concessions, du Canada à la Terre de feu –Argentine– partagent un paradigme : le modèle extractif canadien est la colonne vertébrale d’un paradis fiscal qui a sa place dans le marché boursier canadien et représente 85 pour cent du secteur minier dans le monde »

Miguel Ángel Mijangos signale que ce « modèle homogénéisateur », pensé depuis le capital, s’est aussi traduit en lois qui sont bien souvent inconstitutionnelles et qui violent les droits. Dans la dite réforme énergétique du Mexique, proposée par le président Enrique Peña Nieto, par exemple, le sixième article, dispose « l’exploitation minière a un caractère d’utilisation préférentielle sur toute autre » au Mexique, c’est-à-dire sur la richesse naturelle, sur l’archéologique, sur l’artistique, le social.

 

Pour terminer, le membre du Rema Guerrero a expliqué que les deux techniques minières les plus rapaces sont celles de creuser et remplir, et à ciel ouvert. Avec cette dernière, pour la moitié d’un gramme d’or est détruit une tonne du sol, sont occupés 27.000 litres d’eau, sont utilisées 18 tonnes de cyanure et de sodium, des métaux toxiques libérés, traduits en acidité qui imprègne les nappes phréatiques, qui vole en poudres enrichies en métaux lourds, devenant un cocktail mortel pour les communautés.

 

« Le dommage est identique dans une petite mine et dans une géante. La technique devient prohibitive et ne peut pas être contenue. C’est le gaspillage d’eau, l’utilisation aggressive de cyanure et la destruction de la biodiversité. Ce sont aussi des formes illégales pour s’approprier le territoire, créer des conflits au sein de la communauté. De plus, le gouvernement viole les biens de l’intérêt public, joue le rôle de médiateur et négociateur en faveur de la compagnie. Le crime organisé est aussi sollicité pour enlever et tuer les communautés sans défenses ».  

 

En somme, conclu Miguel Ángel Mijangos, la tâche du Rema est de comprendre le modèle et de démystifier la logique du progrès et du développement que l’exploitation minière est censée avoir signifié. La meilleure façon de le faire, dit-il, est de visiter une mine à ciel ouvert et rencontrer la communauté qui a été attaquée par cette politique extractive, qui est aussi un modèle de déplacement et d’expropriation.

 

En observant Puebla, Silvia Villaseñor Pineda, de l’Institut mexicain pour le Développement communautaire, a remarqué que dans l’État il existe environ 400 concessions minières qui représentent un peu plus de 300 mille hectares, soit 10 pour cent du territoire étatique.

La majorité, explique-t-elle, sont des compagnies canadiennes, parfois mexicaines et étatsuniennes. Un cas particulier est Almaden Minerals, qui détient 60 pour cent des concessions, mais aussi l’exploration du soussol pour obtenir l’information qui se vend ensuite sous forme de projets, la majorité dans la Sierra Norte –72 pour cent d’entre eux– dans les municipalités comme Izcamaxtitlán, Zautla et Tetela de Ocampo, prenant en charge l’eau et ses veines sans paiement, permettant de réduire jusqu’à 60 pour cent de leurs coûts de production.
Avec cette concentration d’exploitations minières, Villaseñor affirme qu’il y aura des déplacements forcés et la vie des populations autochtones sera affectée. « Les droits humains dans d’autres État ont été violés parce que se sont des gens déterminés à défendre leur vie. Si le risque se concrétise, il aura des conséquences sur des milliers de personnes. Dire qu’être dans la Sierra ou dans le Sud n’aura pas d’impacts négatifs est un mensonge, les impacts se ressentiront ici. Il faut être informé, partager, unir nos forces et formes de résistance face à la destruction de l’environnement qui est appuyée par l’État mexicain, le promoteur et le défenseur des grandes compagnies ».