Dans divers pays, les femmes sont au front des luttes des mouvements pour la défense de la vie, de l’environnement, de l’eau et pour la défense de leurs cultures et territoires ancestraux. Malgré la répression, la violence et la criminalisation, elles continuent d’être les protagonistes de la résistance, adoptant ainsi un rôle fondamental dans l’organisation et la mobilisation des communautés pour la défense de leurs droits et territoires. Néanmoins, elles tendent à être marginalisées des espaces décisionnels et les impacts auxquels elles sont confrontées face aux projets extractifs, devraient être plus documentés et mis en évidence.
Des organismes tels que Femmes autochtones du Québec (FAQ), le Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC), le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et Femmes de diverses origines (FDO) travaillent collectivement au sein d’un processus d’articulation qui se façonne depuis 2014 entre différentes organisations du Canada qui se sentent interpellées et qui se sont mobilisées en solidarité avec les mouvements sociaux de la région du Québec, du Canada et d’Amérique latine. Ces organisations s’inscrivent dans une perspective de dénonciation des violations des droits humains, de criminalisation et de violence envers les communautés affectées, et visent à mettre également en évidence le gouvernement, les investissements et les entreprises canadiennes qui jouent un rôle stratégique dans le secteur extractif en Amérique latine et ailleurs dans le monde.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité des actions réalisées depuis le Tribunal permanent des peuples (TPP) sur l’industrie minière canadienne en Amérique latine qui a eu lieu à Montréal en 2014, la Marche mondiale des femmes de 2015 ayant comme thème central « Libérons nos corps, notre Terre et nos territoires » et du projet « Des-Terres-Minées » de 2016, une tournée d’éducation populaire pour développer les analyses féministes anti-coloniales de l’extractivisme. Dans cette lignée, le Forum social mondial de 2016, qui s’est déroulé du 9 au 14 août à Montréal, est un autre exemple de renforcement de ce processus d’organisation d’une rencontre internationale et de création d’un espace d’articulation et de convergence des luttes pour la défense du territoire.
L’initiative de tenir une rencontre internationale répond notamment à l’intérêt exprimé par Femmes autochtones du Québec (FAQ) dans le cadre de la session du Tribunal permanent des peuples, où les femmes d’Amérique latine et de la région du Québec et du Canada ont eu l’occasion de partager des expériences de lutte, permettant la création d’un groupe d’échange entre les femmes de différents pays. Cela a également permis de mettre en évidence le manque de visibilité des impacts vécus par les femmes, ce qui a motivé le projet « Des-Terres-Minées ». À partir de témoignages de femmes autochtones et non-autochtones, des capsules vidéo ont été réalisées pour aborder leurs visions et leur rapport au territoire, leurs expériences de lutte et de résistance pour l’autodétermination de leurs territoires, documentant également les impacts qu’elles subissent, d’un point de vue féministe et anticolonial.
Dans le cadre de cette initiative, comme résultat d’un travail collectif et collaboratif des différentes organisations, un comité de coordination a été créé en vue d’organiser une rencontre internationale avec la participation de femmes, parmi lesquelles on compte des femmes autochtones, des paysannes et des défenseures des droits humains et des territoires, toutes affectées par des projets extractifs et en résistance contre ceux-ci. Des organisations telles que le Projet Accompagnement Québec-Guatemala (PAQG), Solidarité Laurentides Amérique centrale (SLAM), Développement et Paix, Oxfam Canada, Mining Watch et Kairos se sont joints au comité pour collaborer à l’organisation de cet évènement.
De cette manière, cette rencontre internationale souhaite :
- contribuer à la construction de liens et de solidarité entre les femmes d’Amérique latine, du Canada et d’autres parties du monde qui se mobilisent et luttent pour la défense du territoire;
- créer un espace d’échange sur les impacts que les femmes vivent dans leurs communautés et leurs territoires, ainsi que leurs expériences et stratégies pour lutter et résister face aux projets extractifs;
- créer des espaces de discussion et d’analyse basés sur les intérêts identifiés par les femmes dans le domaine environnemental, juridique, technique, etc.;
- définir un agenda commun d’actions collectives et de stratégies de soutien et de solidarité avec les luttes des femmes pour la défense du territoire.