Nous recevons avec inquiétude l’information au sujet de nouvelles attaques aux membres du mouvement Rios Vivos, du département d’Antioquia, dû à leur travail pour la défense de l’environnement et des personnes affectées par Hidroituango, plus particulièrement dans le contexte d’expulsions forcées pour la construction du projet d’hydroélectricité.
Le mouvement Rios Vivos dénonce de nouvelles attaques à ses membres du département d’Antioquia en raison de leur travail de défense de l’environnement et des personnes affectées par HidroItuango.
Les menaces ont eu lieu dans le contexte de l’organisation de l’Assemblée populaire convoquée par le mouvement après que la communauté de la plage La Arenera de la municipalité de Toledo, Antioquia, ait reçu un avis d’expulsion, sans tenir compte des protocoles internationaux et du respect des « Principes de base et directives concernant les expulsions et les déplacements liés au développement ».
Jusqu’à présent, autour de 400 familles ont été affectées par le projet et par les processus d’expulsion violant leurs droits fondamentaux.
Ce n’est pas la première fois que nous nous adressons aux différentes autorités colombiennes au sujet de graves violations aux droits humains commises dans le contexte du développement du projet Hidroituango. Nous avions communiqué avec vous le 19 septembre 2013 suite à l’assassinat de Nelson Giraldo Posada (leader du Mouvement RíosVivos),http://cdhal.org/sites/cdhal.org/files/doc/action/assassinat-nelson-gira…. De plus, le 21 octobre 2013, nous avons exprimé notre préoccupation quant à l’attentat contre le domicile du leader du Mouvement Rios Vivos, Genaro Graciano http://cdhal.org/sites/cdhal.org/files/doc/action/lider-del-movimiento-r… et aux menaces reçues par des enseignants de la région.
Le 19 janvier 2015 dernier, nous nous sommes adresséEs par lettre aux autorités colombiennes dans le but de présenter les évènements et d’attirer leur attention sur les violations des droits des membres du mouvement et de la population affectée par la construction de Hidroituango. Vous trouverez ci-dessous le résumé de la lettre en version originale.
Faits
1. Le 18 décembre 2014 dernier, vers 20h00, Martín Monsalve (membre de Ríos Vivos Antioquia) a été arrêté par deux hommes cagoulés et armés non-identifiés qui l’ont menacé de mort. Le leader du mouvement Ríos Vivos accompagnait les familles qui se préparaient à réaliser une Assemblée Populaire citée par le mouvement pour le 19 décembre 2014. Nous voudrions attirer votre attention sur le fait que les menaces ont été faites dans un territoire surveillé par Empresas Publicas de Medellín -EPM et par l’armée Nationale, plus particulièrement par le Bataillon Bajes, relevant de la Quatrième Brigade.
Nous vous rappelons que les études de risque sur la situation du Mouvement Rios Vivos effectuées par l’Ombudsman et par l’Unité National de Protection ont établi que les membres du Mouvement Rios Vivos sont exposés à un niveau de risque extraordinaire dû à leur travail de défense des droits humains. Les actions criminelles commises ce jour-là contre ces leaders représentent une stratégie d’intimidation et de sabotage de l’Audience populaire ayant eu lieu le 19 décembre dans le but de rejoindre la population affectée par l’expulsion de leurs terres, promues par EPM pour le projet Hidroituango. Nous sommes cependant conscients que Mouvement Rios Vivos subit une campagne de salissage à travers de fausses accusations reliant les leaders à des groupes illégaux. De plus, les membres de communautés affectés par le projet ont été incités à abandonner le mouvement afin de pouvoir négocier de meilleures propositions avec EPM quant à leur processus d’expulsion.
2. Le 4 décembre 2014, les familles de la plage La Arenera de la municipalité de Toledo, Antioquia, située dans le canyon du fleuve Cauca, ont reçu un avis d’expulsion comportant les caractéristiques propres aux expulsions forcées puisqu’il ne respecte pas les protocoles internationaux, ignorant les« Principes de base et directives concernant les expulsions et les déplacements liés au développement ». Près de 400 familles affectées par Hidroituango ont déjà été expulsées à l’aide de procédures vulnérant leurs droits fondamentaux, tel que leur droit au territoire et à leur mode de vie sans recevoir aucune réparation par la suite.
Nous tenons à rappeler que les «Principes de base et directives concernant les expulsions et les déplacements liés au développement» définissent les actions et les mesures nécessaires afin d’éviter les dommages causés par les expulsions. Considérant les répercussions que ces dernières peuvent avoir sur de nombreux droits humains, les principes de base et les directives stipulent qu’elles ne peuvent être permises qu’avec une justification valable et ce, uniquement dans des circonstances exceptionnelles
Parmi les irrégularités présentes dans le processus d’expulsion entamé par EPM, plus particulièrement, dans a difussion de celle-ci faite le 4 décembre 2014 à la plage La Arenera, nous pouvons identifier:
-L’absence de mécanismes effectifs de communication de la part des autorités et de EPM qui permettent de créer des canaux efficaces de diffusion de l’information et des opportunités de consultation. Nous savons que la population affectée n’est pas au courant des travaux qu’EPM projette de faire sur les rives du fleuve ni des détails concernant les raisons de l’expulsion. La population n’a pas eu accès au texte de la résolution.
Plus particulièrement, nous considérons inapproprié l’avis d’expulsion annoncé par des affiches placardées aux arbres de la communauté. Le communiqué a été transmis sans prendre connaissance de la situation d’analphabétisme touchant la plupart de la population. De plus, l’établissement d’un délai de trois jours ouvrables pour répondre à l’avis d’expulsion ne tient pas compte des difficultés auxquelles la population doit faire face pour trouver l’assistance juridique nécessaire afin de faire appel contre l’avis .Ceci démontre un manque de volonté de la part d’ EPM de respecter les “Principes de base et les Directives internationales” en ce qui concerne le droit de toutes les personnes affectées de disposer d’un temps suffisant et raisonnable pour réaliser l’examen public, formuler des commentaires et soulever des objections quant au plan proposé, avant la date prévue d’expulsion.
Nous voulons faire appel aux autorités afin de stopper le processus d’expulsion, car sa continuation représente un risque imminent de déplacement pour les familles de dizaines d’orpailleur(e)s regroupé(e)s dans le mouvement Rios Vivos. Compte tenu des erreurs de procédure, nous tenons à rappeler que l’État Colombien a comme responsabilité principale de garantir les droits stipulés par les « Principes de base et les Directives internationales ». De ce fait, nous demandons de façon URGENTE que:
- L’Autorité nationale des permis environnementaux -ANLA, s’assure du respect des protocoles internationaux, analysant leur légalité et leur pertinence, dans tous les cas d’expulsions ayant eu lieu. De plus, que l’ANLA veille à faire le contrôle et le suivi immédiat des expulsions qui vont avoir lieu, tout en suspendant les expulsions qui ont déjà été annoncées, jusqu’à ce qu’il y ait les garanties et les preuves d’un strict respect des normes internationales sur les expulsions promulguées par l’Organisation des Nations Unies–ONU, prenant les mesures nécessaires afin d’éviter de nouvelles violations aux droits humains et garantissant le droit à un procès équitable
. - L’État colombien exige qu’ EPM démontre que l’avis d’expulsion envoyé le 4 décembre 2014
,à la plage La Arenera, de la municipalité de Toledo est inévitable et respectueux des traités internationaux. Postérieurement, cette information devra obligatoirement être transmise au mouvement Rios Vivos Antioquia-MRVA. - L’État colombien offre une solution à la situation d’insécurité vécue dans les territoires affectés par HidroItuango, ainsi qu’une activation des mécanismes requis pour garantir le droit à la vie, à l’intégrité physique et à la défense de l’environnement, compte tenu du risque élevé et de la vulnérabilité extrême des personnes affectées par Hidroituango et des membres du Mouvement Rios Vivos.