Dans la nuit du samedi 8 août au dimanche 9 août, trois membres de la communauté autochtone Kukama ont été tués par la police nationale péruvienne lors d’une manifestation sur le champ pétrolier Lote95 de PetroTal, entreprise basée à Calgary, dans la ville de Bretaña, district de Puinahua, province de Requena au Pérou. Plusieurs articles de presse rapportent également que 11 autres Kukamas ont été blessé.e.s lors de l’incident ainsi que 6 membres des forces de sécurité.
L’incident aurait commencé le dimanche 2 août lorsque la communauté Kukama a pris le contrôle d’une station de pompage d’un pipeline produisant 100 000 barils par jour utilisé par PetroTal (et d’autres sociétés, dont Frontera Energy, basée à Toronto) pour transporter le pétrole brut de la forêt amazonienne jusqu’au port de Bayovar situé sur la côte pacifique du nord du Pérou. La communauté amazonienne Kukama voulait que l’entreprise canadienne cesse ses activités en raison des inquiétudes concernant l’afflux de travailleurs et travailleuses compte tenu de la pandémie COVID-19 et des préoccupations constantes concernant la contamination environnementale par ses opérations.
Au vu des événements qui se sont produits le 9 août à 1 heure du matin à la périphérie du Lot pétrolier 95 de l’entreprise PetroTal à Loreto, ORPIO (Organización Regional de los Pueblos Indígenas del Oriente) demande un processus de dialogue autour du cas Lote 95 et une enquête pour savoir qui a commencé les tirs et tué les trois personnes autochtones. Ils.elles déclarent également ce qui suit :
1- Les frères et les sœurs de la communauté autochtone n’avaient pas d’armes à feu. Les manifestant.e.s portaient leurs flèches comme un outil de défense ancestral, d’usage traditionnel et culturel dans le but de manifester leur rejet et leur indignation face aux autorités de la compagnie pétrolière et de l’État en ce qui concerne l’abandon et la mort de leurs proches, faute de traitement et de médicaments pour vaincre la Covid-19.
2- Les frères et les sœurs autochtones, faisant usage de leur droit à la protestation pacifique, sont allé.e.s informer les responsables du Lote 95, leur disant qu’ils et elles allaient prendre le contrôle du territoire pour protester contre la négligence de l’État face à la pandémie et à la pauvreté qui opprime cette zone depuis longtemps. Ils ont également exprimé leur soutien à la protestation que les membres de la communauté de la Station 5 sont en train de mener, qui est essentiellement dirigée vers l’État et les compagnies pétrolières pour qu’ils entament l’assainissement des sites contaminés.
3- Jusqu’à présent, la communauté attend que le plan visant à combler les lacunes de la compagnie pétrolière soit mis en œuvre. Cependant, il n’y a aucun progrès de ce côté. Les écarts de pauvreté ont été causés par le choc pétrolier des 50 dernières années.
4- Nous voulons qu’il soit clair que les manifestant.e.s autochtones n’avaient pas d’armes à feu, ils et elles voulaient entrer et prendre la gare. Toutefois, le groupe était attendu par les gardiens du Lote 95 qui avaient des armes à feu et ce sont eux qui ont commencé cette confrontation au courant de la nuit. Parmi la foule, la police a commencé à leur tirer dessus et à cause de l’obscurité, même les policiers eux-mêmes se sont tirés dessus.
5- Nous soulignons encore une fois que les manifestant.e.s autochtones n’avaient pas d’armes à feu, car il n’y avait aucune intention de commettre des actes de violence. Nous rejetons tout lien ou soupçon sans preuve ou connaissance de fait. Il y a des témoignages des deux côtés.
6- Nous avons le regret de vous informer qu’il y a trois personnes qui sont décédées pendant cet affrontement. Une personne de la communauté autochtone de Bretania, une de la communauté de Bacarachiro et une autre dont nous ne savons pas de quelle communauté elle est originaire. Il y a 3 mort.e.s, 6 blessé.e.s graves et 4 blessé.e.s légers. Au total, 13 personnes ont été touchées. Ceci a été rapporté par James Pérez qui est le président de l’AIDECOBAP (Asociación Indígena de Desarrollo y Conservación del Bajo Puinahua), la base de l’ORPIO (Organización Regional de los Pueblos Indígenas del Oriente), de l’AIDESEP (La Asociación Interétnica de Desarrollo de la Selva Peruana) et de la COICA (Coordinadora de las Organizaciones Indígenas de la Cuenca Amazónica).
7- Nous avertissons qu’en ce moment (dans la journée du 9 août), le bureau du procureur et la police ont été déployés dans la région afin de pouvoir capturer et/ou réprimander avec plus de force. C’est ce que nous disent les responsables des communautés qui sont dans ces zones, les agriculteurs.trices communaux de Bretania, qui ne vont pas bouger et qui vont rester fermes parce que maintenant, face à la mort, la protestation va se durcir. Non seulement la Covid-19 est en train de tuer les communautés autochtones, mais la répression pour avoir exigé la santé publique dans les communautés oubliées du gouvernement central aussi.
8- Face à ces événements survenus le 9 août, Journée des peuples autochtones, nous demandons à l’État d’ouvrir un processus de dialogue urgent et de ne pas envoyer la répression comme il l’a fait dans la nuit du 9 août.
9- Nous, ORPIO, demandons ‘une enquête sur les auteurs de la fusillade et la sanction correspondante pour la mort des trois membres des communautés autochtones décédé.e.s.
La photo et l’article proviennent de Peace Brigade International Canada