Publié par Pablo Rodas Martini, Prensa Comunitaria, le 28 juillet 2023
La meute du ministère public continue son assaut contre Semilla et contre toute tentative du Tribunal suprême électoral (TSE) de remettre le second tour des élections sur les rails. La pression de Manuel Conde, qui sait que n’importe qui – même quelqu’un sans aucun charisme comme lui – battrait Sandra Torres au second tour, est celui qui contrôle de facto le député avec l’accord du président Giammattei. Les jours passent et il joue les derniers jours pour évincer Bernardo Arévalo et Semilla de la course et pour que le TSE, plié une nouvelle fois, et avec l’aval de la Cour Suprême de Justice (CSJ) et de la Cour Constitutionnelle (CC), le désigne comme le candidat « légalement » élu.
Les pièces de l’échiquier politique national se déplacent de telle manière que l’on peut identifier le style secret, machiavélique et perfide de Conde, avec le consentement d’un président qui ne voudra pas que quelqu’un comme Arévalo prenne le pouvoir car qui sait quelles irrégularités comptables il trouvera dans les comptes nationaux, avec des millions de quetzales détournés vers lui, les ministres et la branche des députés et des maires qui prospèrent dans le cadre du Pacte de Corruption.
Les dernières déclarations de Sandra Torres concernant son incapacité à se rendre aux États-Unis, et en particulier à questionner Semilla, au lieu de ce que l’on attendrait d’une candidate honorable appelant à mettre fin aux pressions des députés et à permettre à la population d’élire le prochain président, révèlent l’autre option envisagée par Giammattei : En cas d’échec du remplacement d’Arevalo par Conde, la deuxième urne serait déclarée absente et Torres, avec la bénédiction d’un CC qui utilise la Constitution comme un enfant joue avec de la pâte à modeler, déclarerait Torres président en « disqualifiant » le candidat de l’opposition.
Torres, qui perdrait contre n’importe qui, peut-être même contre sa propre ombre, a réalisé la formidable opportunité qui s’offrait à lui et s’est donc joint à l’assaut de Conde pour détrôner Arévalo. C’est comme regarder des corbeaux qui essaient de manger de la charogne : pendant que l’un fait l’effort de couper, l’autre est à côté, prêt à arracher le morceau de viande du premier.
Giammattei est peut-être n’importe quoi, mais il n’est pas idiot. Il a deux options devant lui : d’une part, il soutient en privé Conde en faisant pression sur le député, et d’autre part, il a déjà conclu un pacte avec Torres selon lequel, si Conde n’est pas nommé par le TSE, le second tour sera pratiquement un référendum avec la photo de Torres et l’autre boîte sans visage, ou, s’il est si effronté, les votes nuls écraseront Torres, sans qu’il soit nécessaire de procéder à un second tour. En fin de compte, Giammattei atteindrait son objectif avec Conde ou Torres, les millions qu’il a siphonnés sur ses comptes personnels ou de copinage resteront introuvables.
Si la meute des députés n’arrête pas sa chasse, nous sommes en présence d’un coup d’État évident, mais plus « sophistiqué » que ce que les généraux avec leurs fusils et leurs soldats, ou que les dictateurs latino-américains ont fait dans le passé. Giammattei profite du fait que les États-Unis sont très faibles face aux gouvernements d’Amérique centrale, car s’ils durcissent leur politique à l’égard de la région, ils ouvriront le flux de migrants, ce qui posera de gros problèmes à Biden à la frontière avec le Mexique. Giammattei profite également du fait que le Nicaragua puis le Salvador ont déjà violé la démocratie, de sorte que ce qui se passe au Guatemala semble n’être qu’un nouvel écoulement d’eaux usées dans l’épais tuyau d’égout centraméricain.
Un coup d’État est en train de se produire au Guatemala !
D’ailleurs, il est regrettable que Juan Alberto Fuentes soit parti en « exil » à l’heure actuelle. Il a profité de la situation pour se victimiser et tenter de sortir sur un cheval blanc. Il vient d’accabler Semilla d’un scandale avec lequel le mouvement n’a absolument rien à voir, un scandale qui devrait plutôt être lié à l’UNE, puisque c’est sous ce gouvernement qu’il a eu lieu. Son départ n’aurait pas été répréhensible s’il ne l’avait pas fait en fanfare.
Source: https://prensacomunitaria.org/2023/07/pacto-por-el-golpe-de-estado-entre-giammattei-y-sandra-torres/