Nous faisons un appel à la solidarité internationale afin d’exiger la libération de toutes les prisonnières et prisonniers politiques au Chili. Nous invitons la communauté chilienne à l’étranger et ses organisations et collectifs, les organisations de droits humains et de la société civile, le milieu syndical, académique, militant, ainsi que les individus à signer cette pétition. Nous exigeons que le Sénat chilien traite et approuve avec toute urgence le projet de loi de grâce pour des raisons humanitaires pour toutes les prisonnières et prisonniers politiques. Ce projet de loi de grâce favoriserait les « personnes qui sont accusées et condamnées pour des faits survenus lors de protestations, de manifestations ou de mobilisations sociales ». Ce projet de loi a été proposé en décembre 2020. Cependant, il n’a pas été traité avec la diligence attendue, lors de l’étude réalisée par les différentes commissions d’évaluation.
Nous condamnons et dénonçons la répression policière et militaire et la criminalisation de la protestation sociale, ainsi que la persécution politico-judiciaire de l’État chilien contre les personnes qui revendiquent leurs territoires et leurs droits ancestraux et ceux et celles qui exigent le droit à une vie digne. Les violations des droits humains au Chili ont été systématiques contre le peuple de la nation Mapuche dans son conflit avec l’État chilien. Ces violations ont revêtu le même caractère contre le peuple chilien lors du soulèvement social de 2019.
Les différentes missions internationales d’observation des droits humains présentes au Chili ont largement documenté la violation du droit de manifester, du droit à la vie et du droit à l’intégrité personnelle. Cependant, cette situation n’est pas nouvelle, comme le démontrent les recommandations faites à l’État chilien au cours des dernières décennies concernant l’usage excessif de la force, l’absence de mécanisme de prévention de la torture et l’abstention de l’application de la loi antiterroriste contre les processus de revendication des droits du peuple Mapuche.
Le 2 février 2021, l’Institut national des droits humains (INDH) du Chili a dénoncé le fait que les violations des droits humains commises par des agents de l’État n’ont pas cessé au cours de l’année 2020 et que même les recommandations les plus fondamentales n’ont pas été mises en place de façon intégrale. Le recours massif à la détention illégale, les cas de violence sexuelle, les blessures aux yeux, les mutilations et les blessures causées par les coups de fusil des Carabineros (la police chilienne) n’ont pas cessé.
C’est dans ce contexte que le recours à la prison politique a été un outil pour saper la contestation sociale au pays. Bien que l’on ait parlé d’un chiffre (non-officiel) de 2500 prisonnières et prisonniers politiques, les institutions de l’État n’ont pas documenté cette situation. Au contraire, il y a eu un déni de l’emprisonnement politique par le gouvernement de Sebastián Piñera.
Le Chili fait actuellement l’objet d’un processus de convention constituante qui vise à modifier la constitution héritée de la dictature. Après plus d’un an et demi d’emprisonnement politique, nous exprimons notre soutien aux mobilisations au Chili. À cet égard, les mobilisations ont maintenu la pression dans le processus portant sur l’urgence d’approuver la loi d’amnistie pour les prisonnières et prisonniers politiques et dans le cadre de la persécution et la répression du peuple Mapuche.
Nous dénonçons l’utilisation systématique et étendue de la détention préventive pour les personnes qui ont été arrêtées dans le cadre des protestations sociales massives. Nous condamnons le déni de justice, l’absence de présomption d’innocence et les lois qui ont été mises en œuvre pour accroître la criminalisation de la protestation et la persécution politique, telles que les lois anti-barricades et anti-pillage.
Nous attirons l’attention sur la répression historique exercée par l’État chilien contre le peuple Mapuche face à ses revendications sur ses territoires ancestraux. Le peuple Nation-Mapuche souffre depuis des décennies de détention et d’emprisonnements politiques. « Depuis les années 2000, la loi antiterroriste a été utilisée comme le principal outil de criminalisation de la protestation sociale mapuche. L’État chilien a été condamné par la CIDH en 2014 pour cette raison ». En outre, « le taux élevé d’acquittements obtenus dans le cadre des procédures judiciaires engagées en vertu de la loi antiterroriste témoigne de son utilisation discrétionnaire et politique en tant qu’outil de criminalisation ». Nous exigeons la démilitarisation du territoire mapuche qui maintient les forces militaires dans la région d’Araucanie.
Pour plus d’informations sur la situation actuelle des prisonnières et des prisonniers politiques, après plus d’un an et demi de prison politique:
Les processus judiciaires des prisonnières et des prisonniers politiques de la révolte ont commencé au cours de l’année 2020. Il s’agit pour la plupart de personnes sans casier judiciaire, de jeunes et de mineur-e-s. Certaines personnes ont été libérées faute de preuves après plusieurs mois ou après un an et plus d’emprisonnement. Elles ont été reconnues innocentes des crimes dont elles furent accusées. Cette situation perdure à ce jour. Il y a des prisonnières et des prisonniers politiques condamnés à des peines de 3 à 5 ans. Certain-e-s risquent une peine de plus de 20 ans. De plus, il existe de nombreux cas de prisonnières et de prisonniers politiques qui ont été condamnés uniquement sur la base de preuves et de témoignages des Carabineros (la police chilienne). Les allégations de montage policier de la part des Carabineros sont réitérées notamment dans les affaires impliquant des prisonniers et prisonnières politiques Mapuche, tel fut le cas de l’affaire Huracán.
Des prisonnières et de prisonniers politiques, en ne voyant d’autres options, ont également plaidé coupable afin d’être libérés dans le cadre d’un « procès raccourci ». De surcroît, des groupes de proches de prisonnières et prisonniers politiques, des organisations de défense des droits humains et de la société civile ont dénoncé l’absence de procédure régulière, le manque d’impartialité du Ministère Public et l’absence d’enquête. Le gouvernement de Sebastián Piñera a également cherché à faire condamner des personnes en vertu de la loi sur la sécurité intérieure de l’État, cela avec l’objectif d’augmenter les peines d’emprisonnement.
Plusieurs grèves de la faim de prisonnières et prisonniers politiques de la révolte et de prisonniers Mapuche ont eu lieu dans différentes prisons du Chili en 2020 et 2021. L’objectif de ces grèves était de dénoncer les irrégularités dans la procédure judiciaire, le recours massif à la détention provisoire et les situations de torture vécues en prison. En outre, il faut remarquer que la situation carcérale au Chili est l’une des plus critiques en Amérique latine et au monde. Le Chili présente l’un des taux les plus élevés de population privée de liberté Cela montre les déplorables conditions dans lesquelles les prisonnières et les prisonniers politiques sont maintenus. Cela implique des conditions de détention dégradantes, qui se sont aggravées dans le contexte de la COVID-19 (à titre d’exemple, la négation du droit de visite pendant plus d’un an, les cas de contagion par la Covid-19, le manque d’accès aux soins, entre autres). La détention à domicile et la présence quotidienne de Carabineros (la police chilienne) au domicile des prisonnières et prisonniers politiques constituent des phénomènes liés à l’utilisation généralisée de la détention préventive; cela a un fort impact sur l’environnement familial des personnes criminalisées.
Signez la pétition internationale organisée afin d’exiger la libération de toutes les prisonnières et prisonniers politiques au Chili:
→ Pour des signatures individuelles.
→ Pour signer comme organisation, groupe ou collectif.
Organisée en collaboration avec:
Comité Chileno por los Derechos Humanos Montréal
Colectif Place de la Dignité – Montréal, Ottawa
Chile Despertó Internacional – Québec
Colectif No + Impunidad en Chile – Montréal
Le Droit de vivre en paix Montréal / El Derecho de vivir en paz Montréal