HomeNouvellesPlus de 100 organisations condamnent la criminalisation de neuf autochtones tolupanes à San Francisco Locomapa

Plus de 100 organisations condamnent la criminalisation de neuf autochtones tolupanes à San Francisco Locomapa

Face à une nouvelle tentative de criminaliser des dirigeants et dirigeantes autochtones du peuple Tolupan de San Francisco Locomapa au Honduras, nous, en tant qu’organisations nationales et internationales, condamnons ces faits et dénonçons que l’État, de façon intentionnelle et systématique, tente de faire taire les peuples autochtones qui, légitimement, organisent des actions de protestation et exigent la réalisation de leurs droits. 

Le Honduras, qui a privilégié l’extractivisme en tant que modèle économique, est un des pays les plus dangereux du monde pour ce qui est de la défense des droits humains.  Le 17 juillet de dette année, les autorités de l’État du Honduras ont présenté des requêtes fiscales contre neuf autochtones tolupanes dans l’intention de les inculper parce qu’ils font obstacle au plan d’aménagement forestier. 

Cette accusation constitue en fait des représailles en réponse au travail de défense de la vie, du territoire et des biens naturels de la population; c’est une pratique systématique dans un des pays les plus dangereux pour les défenseur.e.s. 

Ce lundi 24 juin, les leaders seront confronté.e.s à l’audience initiale où il sera décidé de poursuivre ou non l’accusation contre eux. Cette audience a lieu quatre mois après l’assassinat de deux autochtones tolupanes, membres du Grand Mouvement pour la Dignité et la Justice et elle est reliée à la grave situation de risque, de violence et de criminalisation à laquelle est confrontée la tribu depuis 2010. 

Suite à l’octroi de plans de gestion et d’opérations forestières sans aucun respect du droit à la consultation et au consentement préalable, libre et informé, les départements de Yoro et Francisco Morazán, territoires du peuple autochtone tolupan, sont l’objet d’exploitation de la part d’entreprises et de personnes extérieures à la communauté.   

En vertu de cette situation ainsi que de la perte du territoire et du déplacement forcé, le Conseil de Prévention de la Tribu, formé par des dizaines de membres du peuple autochtone, a développé des actions de défense et de protestation pacifiques. Cette revendication a été la source d’une augmentation des risques et de menaces multiples qui se sont matérialisés en criminalisation et assassinats. 

Ainsi, en 2010, huit autochtones tolupanes ont été criminalisés par le même type de pénalités que celui auquel on assiste en ce moment -obstruction du plan d’aménagement- ce qui s’est répété en 2012 par la criminalisation de trois dirigeants autochtones; dans les deux cas, grâce à l’action de leurs avocats défenseurs, les personnes criminalisées ont été absoutes des charges portées contre elles. 

Postérieurement, en 2013, les leaders Ricardo Soto et Armando Fúnez, ainsi que la leader María Enriqueta Matute ont été assassinés. En raison de la gravité des faits, la Commission interaméricaine des droits humains – CIDH a accordé des mesures de protection MC-416-13  à 35 membres de la communauté à partir de 2013 et a ordonné à l’État de protéger leur vie et leur intégrité. 

En dépit de cela, deux bénéficiaires des mesures, Erasimo Vieda et Luis Marcia ont été assassinés; en 2016, le bénéficiaire Santos Matute a aussi été assassiné. Plus récemment, en février de cette année, Juan Samuel et le bénéficiaire José Salomón Matute, ont été assassinés par deux individus qui les avaient antérieurement menacés. 

En ce qui a trait aux derniers assassinats, le CIDH a rappelé que « les peuples autochtones ont le droit de jouir du contrôle effectif de leurs terres et de se voir libres de toute interférence de la part de personnes qui prétendent prendre le contrôle de leurs territoires au moyen de la violence. Les États aussi ont l’obligation de prévenir et de protéger les peuples autochtones affectés par ces actions violentes quand elles ont lieu dans le cadre de conflits territoriaux. »

Rappelons aussi que cet organisme a indiqué : « Qu’il y ait des mesures de protection de la CIDH en vigueur signifie que les autorités gouvernementales étaient informées de la grave situation de risque imminent dans lequel se trouvait une personne, pour cela même, il est particulièrement préoccupant que des mesures nécessaires pour garantir la sécurité des personnes protégées n’aient pas été adoptées »,

De même, et comme l’ont indiqué la CIDH et le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les droits humains (HCNUDH), nous, les organisations signataires, dénonçons l’impact de l’utilisation malicieuse du droit pénal pour limiter l’exercice de défense des droits humains, en particulier la défense du droit à la terre et à l’environnement pour des paysan.ne.s et des dirigeant.e.s sociaux. Nous sommes préoccupés que cette même semaine, cinq leaders du département d’Arizona soient aussi confronté.e.s à un jugement relié à leur résistance pacifique à une installation hydroélectrique dans la région. 

Prenant en considération ce qui précède, nous exigeons que soit reconnue l’innocence des 9 personnes criminalisées par la suspension définitive des accusations. De même, de la part des autorités, nous exigeons que cesse la violence, la discrimination contre la tribu tolupan de San Francisco Locomapa et que les droits des individus et de la communauté sur leur territoire soient garantis, que leur vie soit protégée et qu’on sanctionne ceux qui violent systématiquement leurs droits humains. 

Nous sommes solidaires de la défense légitime et digne exercée par les tolupanes et nous lançons un appel à la communauté nationale et internationale à suivre de près leur audience qui est programmée pour aujourd’hui le 24 juin 2019 et à réclamer justice. 

 

Organisations signataires:

Allemagne
Colectivo Cadeho
Oekumenisches Netz Rhein-Mosel-Saar

Belgique
Red Europea de Comités Oscar Romero

Canada
Comité por los Derechos Humanos en América Latina
Guatemala Community Network
Todos por Guatemala
United for Mining Justice

Colombie
Movimiento Nacional de Víctimas de Corporaciones Multinacionales

Équateur
Centro de Documentación en Derechos Humanos «Segundo Montes Mozo S.J.» (CSMM)

États-Unis
Alliance for Global Justice
Central American Resource Center (CARECEN) — DC
Franciscan Action Network
Guatemala Human Rights Commission (GHRC)
Hands Off Honduras – Minnesota
Interfaith movement for human integrity
Nicaragua Center for Community Action
Parlamento Maya USA
School of the Americas Watch (SOAW) Oakland/East Bay
SOA Watch
Witness for Peace Solidarity Collective

El Salvador
Asambleas Comunitarias de El Salvador
Instituto de Derechos Humanos de la UCA (IDHUCA)
Universidad Centroamericana José Simeón Cañas

Espagne
Anticapitalistas Madrid. Área Internacional
Comunidad Centroamérica en España
Plataforma por Honduras en Madrid
Red de Hondureñas Migradas (REDHMI)

Guatemala
Asociación Bufete Jurídico De Derechos Humanos
Asociación para la Promoción y el Desarrollo de la Comunidad CEIBA
Bufete para Pueblos Indígenas
Centro Para la Acción Legal en Derechos Humanos
Comité Campesino del Altiplano (CCDA)
Comité de Desarrollo Campesino (CODECA)
Comité de Unidad Campesina (CUC)
Familiares y amigos contra la Delincuencia y el Secuestro
Festivales Solidarios
H.I.J.O.S. Guatemala
Instituto Amaq’
Prensa Comunitaria
Red Tz’ikin – Realizadoras-es Independientes de Guatemala
Unidad de Protección a Defensoras y Defensores de Derechos Humanos -Guatemala (UDEFEGUA)
Unión Nacional de Mujeres Guatemaltecas (UNAMG)

Honduras
APAF-INFOP
Asociación LGBT Arcoiris de Honduras
ASONOG
BAMBÚ
Bloque Popular
Centro de Derechos de Mujeres (CDM)
Centro de Desarrollo Humano (CDH)
Centro de Estudio para la Democracia (CESPAD)
Centro de Prevención, Tratamiento y Rehabilitación de Víctimas de la Tortura (CPTRT)
Colectivo de Trabajadoras y Trabajadores Sociales de Honduras (CTSH)
Comité para la Defensa del Consumidor Hondureño
Comité por la Libre Expresión (C-Libre)
Conexihon
Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas de Honduras (COPINH)
Coordinadora de Organizaciones Populares del Agua (COPA)
Ecuménicas por el Derecho a Decidir
Equipo de Reflexión, Investigación y Comunicación de la Compañía de Jesús en Honduras (ERIC-SJ)
Fundación San Alonso Rodríguez (FSAR)
Justicia Paz e Integridad de la Creación – Familia Franciscana Honduras
Juventud del Milenio
La Insurrecta
Movimiento Ambientalistas Santabarbarense (MAS)
Movimiento de Diversidad en Resistencia (MDR)
Plataforma Agraria Regional del Valle del Aguan
Puras Mujeres
Red Nacional de Defensoras de Derechos Humanos en Honduras (RNDDH)
Red Nacional de Jóvenes Artesanos de la Paz
Somos Muchas
Terco Producciones
Unión Estudiantil Morazanista (UEM)

Italie
Collettivo Italia Centro America, CICA

Mexique
Procesos Integrales para la Autogestión de los Pueblos
Red Mexicana de Afectadas/os por la Minería (REMA)
Fundación para la Justicia y el Estado Democrático de Derecho (FJEDD)

Norvège
Comité Noruego de Solidaridad con America Latina (LAG)

Vénézuéla
Coalición de Tendencias Clasistas (CTC-VZLA)

Régional
Brigada José Artigas de Trabajo Voluntario
Centro por la Justicia y el Derecho Internacional (CEJIL)
Comisión Internacional de Juristas (CIJ)
Cruz Morada Hondureña
Fads
Hablemos de Derechos Humanos
Honduras Solidarity Network in North America
Informations Gruppe Lateinamerika (IGLA)
Iniciativa Mesoamericana de Mujeres Defensoras de Derechos Humanos
JOPRODEH
La Cadejos, Comunicación Feminista
La Voz de los de Abajo, Chicago
Movimiento Mesoamericano contra el Modelo Extractivo Minero – M4-
Oficina Ecuménica por la Paz y la Justicia
Protection International Mesoamérica
Task Force on the Americas
The St. Louis Inter-Faith Committee on Latin America (IFCLA)

International
CIVICUS: Alianza Global de la Sociedad Civil
Confederación General del Trabajo
Due Process of Law Foundation (DPLF)
Federación Internacional de Derechos Humanos (FIDH) en el marco del Observatorio para la Protección de Defensores de Derechos Humanos
JASS (Just Associates)
Migrant Roots Media
Organización Mundial Contra la Tortura (OMCT) en el marco del Observatorio para la Protección de Defensores de Derechos Humanos
Plataforma Internacional Contra la Impunidad (PI)
Trocaire

Source: CEJIL