Source : Movimiento Mesoamericano contra el Modelo Extractivo Minero-M4
Grupo Asesor Internacional de Personas Expertas
(NDLT : Le GAIPE est une équipe de spécialistes en droit international qui réalise une analyse indépendante, objective et impartiale des crimes commis contre Berta Cáceres Flores et Gustavo Castro Soto le 2 mars 2016. Source : http://aciparticipa.org/node/7)
[Tegucigalpa]
Dans le cadre de notre première visite au Honduras et avec l’intention de réaliser une analyse indépendante, objective et impartiale des faits dont furent victimes Berta Cáceres Flores et Gustavo Castro Soto, nous nous sommes réunis avec des membres de leurs familles respectives, le COPINH, des organisations honduriennes de mouvement social et des droits humains, les équipes juridiques des victimes, les membres du Corps diplomatique, des organismes multilatéraux et des représentation de la coopération internationale. Nous avons également rencontré la Agencia Técnica de Investigación Criminal (Agence technique d’investigation criminelle) et la Comisión Nacional de los Derechos Humanos (Commission nationale des droits humains). Aujourd’hui aura lieu une réunion avec l’entreprise DESA.
Dans le cadre de ces différentes réunions, nous avons présenté le GAIPE et ses objectifs, qui sont les suivants :
- Connaître les différentes postures quant au processus d’enquête du cas de la part des institutions et instances que nous avons rencontrées.
- Établir des canaux de communication pour effectuer le suivi du processus d’enquête en ce qui concerne ces crimes.
- Recueillir les différentes initiatives et propositions dans la perspective d’assurer une enquête intégrale et exhaustive qui prenne en considération le contexte dans lequel ont eu lieu les faits.
En conclusion à cette première visite, nous nous prononçons dans les termes suivants :
Nous valorisons la reconnaissance des droits des victimes et la mise sur pied de la Table de travail entre le Ministère public et les proches des victimes et leurs représentant-e-s, soutenue par la communauté internationale, que nous considérons comme une avancée significative.
Nous appelons le Ministère public à garantir pleinement l’accès à la justice pour les victimes, en éliminant l’opacité et en facilitant l’établissement de la preuve afin d’éclairer les faits et établir des responsabilités pénales.
Nous considérons que, malgré ses efforts afin de mettre en état d’arrestation les présumés auteurs matériels des crimes, des doutes persistent quant à la volonté de l’État d’identifier les auteurs intellectuels qui ont encouragé ces crimes.
Nous exprimons nos préoccupations face à la persistance des attaques contre les défenseur-e-s des droits humains. À ce sujet, nous demandons aux autorités qu’elles garantissent les droits à la vie, à l’intégrité et à la liberté, ainsi que le libre exercice des activités de défense des droits humains.
Nous ratifions la nécessité de tenir, pour notre prochaine visite, des réunions avec les autorités étatiques afin de connaître leurs postures concernant le processus d’enquête, ses développements et ses limites.
Nous manifestons que le GAIPE réalisera une analyse centrée sur l’identification des façons de faire et du modus operandi qui ont provoqué ces crimes et d’autres infractions contre des membres du COPINH et des défenseur-e-s des droits humains. Cet angle d’analyse est conforme aux standards internationaux pour réaliser une enquête intégrale.
Le GAIPE fera également un suivi des démarches d’enquête adoptées par l’État du Honduras, en se concentrant sur les questions multiculturelles et de genre. Le GAIPE proposera ainsi des recommandations afin de garantir l’éclaircissement des faits et la réparation complète des torts causés aux victimes, en plus de renforcer les processus d’investigation qui touchent les défenseur-e-s des droits humains du pays.
