Source : Red Nacional de Defensoras de DDHH en Honduras
Nous, communautés paysannes, autochtones, Garifunas, féministes, groupes de femmes, universitaires, membres de la diversité sexuelle, membres du peuple, sommes réuni-e-s en ce premier Sommet des peuples et des communautés en lutte contre l’extractivisme qui se déroule dans la ville de Tegucigalpa du 13 au 15 novembre avec la participation de plus de 400 communautés et 800 délégué-e-s de différentes régions du pays.
Nous nous rencontrons pour développer des stratégies nationales pour la défense des biens communs de la nature, pour rendre publiquement visible la gravité de l’extractivisme sur nos territoires et pour donner un élan à l’unité communautaire et territoriale, la mobilisation et la résistance permanente. En tant qu’actrices et acteurs de la lutte territoriale et contre le modèle extractiviste, nous sommes bouleversé-e-s par les graves blessures de la mère-terre, des familles et des communautés causées par l’imposition de projets extractivistes comme les Zonas Especiales de Desarrollo (Zone spéciales de développement), les mines, les centrales d’énergie solaire, hydroélectriques, thermiques, les raffineries, les mégaprojets touristiques, la concession de l’eau et des autoroutes, l’agriculture de masse, les semences transgéniques, l’exploitation pétrolière, la pêche industrielle et l’exploitation des forêts. Ces projets sont développés au coût de la violation des droits humains, de la violation de la Convention 169 de l’OIT, de la stigmatisation et la criminalisation des organisations, de la division des communautés, de la judiciarisation de défenseur-e-s et de l’assassinat de camarades qui se battent contre ce modèle de dépossession. Ce modèle, en plus d’extraire nos biens communs pour répondre aux demandes des grands capitaux, appauvrit les communautés. Les projets extractivistes se déroulant sur nos propres territoires fonctionnent comme des enclaves d’un nouveau genre qui profitent économiquement aux transnationales. Ceci résulte d’une politique de néocolonisation des territoires, par laquelle la dépossession est justifiée par le soi-disant « développement », donnant lieu à l’augmentation accélérée des agressions de la part de diverses entreprises. Cela correspond à un modèle de production qui privilégie l’acquisition et l’accumulation de richesses par une oligarchie qui, par le biais de 714 projets extractivistes, méprise la vie de nos peuples et communautés.
Nous dénonçons que l’imposition de ce modèle extractiviste ait généré un chaos climatique accéléré qui met en péril la survie de l’humanité. Nous dénonçons que le Honduras soit présentement le deuxième pays plus important producteur de palmier à huile de l’Amérique latine, mettant ainsi en péril la souveraineté alimentaire de la population.
Nous dénonçons que ce modèle extractiviste génère de la violence et de l’insécurité, de la migration, des évictions et déplacements forcés des peuples et des communautés, à cause de tous ces graves dommages sociaux et à la nature. Pour la défense de la vie, de nos lieux sacrés, nos forêts, rivières, monts, sources et pour nos fils et nos filles, nous exigeons :
Aux politiciens et gouverneurs
-L’annulation de tous les projets extractivistes sur nos territoires qui mettent en péril la vie de nos peuples et communautés
-La dérogation des lois qui permettent l’investissement des projets extractivistes générant la destruction des biens communs et de la nature, la corruption et la violation des droits humains individuels et collectifs dans notre pays.
-Le respect des procédures explicitées dans les conventions que notre pays a signées, telles que la Convention 169 de l’OIT, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, ainsi que les autres instruments internationaux qui garantissent le respect des droits humains des peuples et communautés autochtones.
-Nous condamnons l’imposition de la ré-élection et la politique de militarisation et de répression étatique.
Aux communautés et peuples de notre pays
Que nous unissions nos forces, que nous défendions ce qui est nôtre y que nous ne permettions pas qu’on nous arrache cette maison commune dans laquelle nous vivons.
Que nous prenions conscience des dommages sévères causés par ce modèle extractiviste et qu’ensemble, nous nous levions en une seule force afin de faire cesser l’appauvrissement par la dépossession de nos peuples.
Intensifions la lutte, le temps presse!