Iván Cepeda Castro, sénateur colombien, est le porte-parole du Mouvement national des victimes de crimes d’État (Movice). Il a apporté d’importantes contributions à l’élaboration et à la mise en œuvre de l’accord de paix signé en 2016.
Lors de l’événement virtuel «Le rôle du Canada dans la tragédie humanitaire en Colombie», il a souligné le manque de respect de l’accord de paix par le gouvernement actuel quatre ans après sa signature.
Le gouvernement fait semblant d’appliquer l’accord, jouant ainsi une sorte de jeu devant la communauté internationale. Mais il n’a pas mis en œuvre le point de réforme rurale globale, il n’a pas mis en œuvre la réforme démocratique et il n’a pas mis en œuvre la nouvelle approche du trafic de drogue.
Cepeda a exprimé sa grande inquiétude face à la violence systémique qui s’est accrue avec l’arrivée au pouvoir du gouvernement d’Ivan Duque.
Le gouvernement de Duque a essayé de répéter les formules de violations des droits humains que le gouvernement d’Alvaro Uribe appliquait. Il a une fois de plus relancé les soi-disant faux positifs, il a permis au paramilitarisme de refaire surface, il a permis l’assassinat quotidien de leaders sociaux et il a poursuivi la justice.
Il montre également comment les multinationales exercent un pouvoir étendu contre les communautés et parle de l’avancée illimitée des projets d’extraction au nom de la reprise économique.
Les grandes entreprises présentes dans les territoires où il y a des conflits armés finissent par encourager ces violations. Il existe des preuves que des entreprises, et je ne dis pas qu’elles sont canadiennes, ont engagé des groupes paramilitaires. Il a été suggéré qu’une manière de se sortir de la grave crise économique est un nouveau cycle d’extractivisme qui implique l’intensification de l’exploitation minière et l’application de méthodes hautement destructrices, telle que la fracturation hydraulique.
Pour Ivan Cepeda, le Canada pourrait apporter des contributions plus importantes qui défendent véritablement la paix dans le sud et ne se limitent pas à parler uniquement du Venezuela.
J’invite mes collègues canadiens à se prononcer sur ce qui se passe en Colombie. Il y a des déclarations quotidiennes sur le Venezuela. L’asymétrie avec laquelle les situations de chaque pays d’Amérique latine sont évaluées est incompréhensible. Quatre ans se seront écoulés depuis la signature de l’accord de paix, il serait temps qu’une déclaration parlementaire soit faite.
Le gouvernement canadien a soutenu l’accord de paix il y a quatre ans. C’est pourquoi il a proposé les programmes canadiens pour la construction de la paix. Toutefois, à ce jour, il ne s’est pas prononcé en faveur de l’accord, bien qu’il y ait de plus en plus d’investissements canadiens et de projets extractifs dans tout le pays.
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Photo : Guillermo Munoz