Déclaration de Solidarité avec la Minga au Cauca et Appel à la Fin de la Violence d’état contre la Minga à Cajibío:
L’organisation états-unienne pour la défense des droits humains, Alliance for Global Justice (l’Alliance pour la justice globale), exprime sa solidarité envers l’actuelle Minga (processus de consultation communautaire convoquée par des communautés autochtones, afro-colombiennes et paysannes) à Cauca et soutient la demande concernant la venue dès que possible du Président colombien Iván Duque afin d’écouter les revendications des peuples. Pour l’instant, nous exigeons la fin immédiate de la répression envers la Minga et des menaces et des attaques menées par l’escadron mobile de la police nationale colombienne (ESMAD) dans le village de Caire, dans la municipalité de Cajibío.
Pendant quatre jours, nous [l’Alliance pour la justice globale] avons entendu parler d’agressions quotidiennes à Caire avec du gaz lacrymogène lancé directement sur la Minga, blessant plusieurs personnes. Nous savons que, dans des circonstances semblables, des situations comme celle-ci ont dégénéré et ont conduit à l’utilisation de balles réelles entraînant des décès. Nous nous souvenons avec tristesse et inquiétude des événements du 5 octobre 2016 à Tumaco, Nariño, où les forces armées ont tué huit personnes et ont blessé entre 20 et 50 autres. Nous ne souhaitons pas la répétition de cet évènement à Cauca et ainsi nous demandons le retrait immédiat de l’escadron ESMAD de Cajibío.
Nous avons lu et écouté les témoignages de plusieurs personnes et avons analysé des vidéos montrant que les participant.e.s n’avaient pas bloqué l’accès aux autoroutes comme le prétendent les autorités et que les réunions étaient, et sont toujours, pacifiques et non violentes.
Cependant, même si les participant.e.s avaient bloqué une route en signe de protestation, la persécution et la répression à Cauca sont terribles et représentent une urgence absolue. La solution à un tel blocus n’est pas la répression, mais la présence du Président Duque à la Minga pour écouter et dialoguer de bonne foi sur la crise actuelle et pour prendre l’engagement au nom de l’État de mettre fin à ce climat de violence politique.
Les communautés autochtones, afro-colombiennes et paysannes subissent présentement les niveaux de violence politique les plus élevés des dernières années. Les statistiques à Cauca concernant les assassinats de défenseur.e.s des droits humains, de dirigeant.e.s de mouvements sociaux, d’ancien.ne.s insurgé.e.s désarmé.e.s, et d’ancien.ne.s prisonnier.ère.s politiques et prisonnier.ère.s de guerre sont les plus élevées du pays. Dans toute la Colombie, les assassinats politiques continuent d’augmenter. Selon Indepaz et la Marcha Patriótica (Marche patriotique), en 2016, 97 défenseur.e.s des droits humains ont été assassiné.e.s; en 2017, 159; et en 2018, 226, dont 48 à Cauca. Dans la majorité des cas, la violence concernait des conflits de terres.
L’Alliance for Global Justice (l’Alliance pour la justice globale) soutient l’appel « à la défense de la vie, du territoire, de la démocratie, de la justice et de la paix » lancée par la Minga.
Après la violente intervention de l’ESMAD durant la manifestation pacifique de la Minga le 14 mars, la poursuite de la violence se fit remarquer par une nouvelle attaque sur un camp de protestation à Cauca le 16 mars et par l’assassinat d’un jeune membre de la Guardia Campesina (Garde paysanne), John Jairo Noscué, le 17 mars. Suite à ces évènements, une lettre demandant au Président Duque de mettre fin à la violence politique a été rédigée.
Nous vous invitons à la signer ici.
Historique :
Il est important de rappeler que, depuis nombreuses années, les communautés paysannes et autochtones du département de Cauca exigent que les minières abandonnent leur territoire.
En 2017, sept municipalités s’étaient réunies à travers le mouvement « processus paysan et populaire », impulsé par des communautés paysannes après 15 ans de travail d’organisation, pour une consultation populaire d’initiative citoyenne dans le but de rejeter les minières du département. Il s’agissait de réunir des signatures de citoyen.ne.s en moins de 6 mois pour demander que les populations puissent décider si elles permettaient des activités minières sur le territoire. Cependant, le directeur de l’agence judiciaire pour la défense de l’état a conclu par que ces consultations populaires réalisées n’ont pas de valeur juridique et ne peuvent donc pas être appliquées.
Ce 3 mars 2019, des habitant.e.s de la municipalité de La Vega ont encore une fois participé de la « Marche pour la vie et pour l’eau » convoquée par le Processus Paysan et Populaire et par le Cabildo Autochtone du Peuple Yanacona, qui demandaient la sortie immédiate des multinationales Carboandes, Dominical, Anglo Gold et Miranda Gold du département.
Les communautés ont exprimé leur non-consentement aux actions des minières et ont rejeté les dommages que provoquent les mines sur l’environnement et la santé de la population. Entre autres, la présence du mercure, qui affecte 9 cours d’eau traversant principalement 4 municipalités. Selon l’OMS, le mercure est un neurotoxique qui affecte le système nerveux et immunitaire et conduit à des maladies comme le cancer, entre autres.
Cristian Cravajal, représentant du mouvement, affirme : « Nous sommes dans le comté de Santa Juana, exigeant que les minières s’en aille une fois pour toute et qu’elles relâchent l’emprise sur ce précieux territoire. Nous ne les voulons pas ici ».
Il est important de souligner qu’à Cauca il y a presque 400 000 hectares avec des titres miniers et plus d’un million qui sont sollicités, ce qui représente 50% du territoire total du département.
Sources:
https://afgj.salsalabs.org/stoptherepressionofthemingaincolombia/index.html
https://www.contagioradio.com/asesinan-guardia-campesina-corinto-articulo-63318/
Photo: AFGJ
