La Parota, Mexique

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: Guerrero – Mexique – Rio Papagayo

Quand : de 2003 à 2011

Les acteurs contre le projet :
Consejo de Ejidos y Comunidades Opositoras a La Parota (CECOP)
ONU :

– Rapporteur Spécial sur la Situation des Droits Humains et les Libertés Fondamentales des Indigènes
– Représentant du Mexique du haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits Humains
– Comité des Droits Economiques, Sociaux et Culturels des Nations Unies

Amnesty International
Assemblée populaire des peuples de Oaxaca
Tribunal Latino-américain de l’Eau (TLA)

Les acteurs pour le projet :
Governement fédéral

Gouvernement étatique

Comision Federal de Electricidad (CFE)

Conséquences envisagées:
+ Inondation de 13 000 villages;
+ Selon le Centre des droits Humains de la Montagne  Tlachinollan, 25 000 personnes devraient être déplacées  sachant que leurs propriétés seraient inondées (3 000 personnes selon la CFE);
+ Innondation de 17 300 hectares de terres cultivables (14 000 selon la CFE);
+ Disparition de nappes fréatiques qui fournissent en eau le Port d’Acapulco;
+ Réservoir de 13 000 herctares;
+ Un rideau de 162 mètres de haut;
+ Un chantier de 5 années;
+ 8 milliards de pesos;
+ Production d’énergie : 900 MégaWatts (MW);
+ La déviation du fleuve  priverait d’eau environ 75 000 personnes, un grand nombre d’entre elles étant des paysans qui ont besoin de l’eau pour leurs cultures (la CFE ne prévoit pas de compensation économique pour les personnes affectées directement).
Objectif du barrage:
Selon le Centre d’Investigations Economiques et Politiques pour l’Action Communautaire (CIEPAC), fournir l’électricité nécessaire au fonctionnement des « maquiladoras » (entreprises de sous-traitance travaillant pour l’exportation), des grands centres touristiques, des villes (Acapulco en premier lieu) et de l’industrie d’extraction, entre autres, et non pour couvrir les besoins des populations de cette région. Il prétend également approvisionner le Sud des Etats Unis, et s’unir au réseau électrique national et d’Amérique Centrale.

Répression :
La division et la bipolarisation qui ont surgi face à ce projet ont provoqué au cours des dernières années plusieurs morts, des blessés graves et plusieurs arrestations. Les affrontements lors des assemblées communales ont aussi généré un bon nombre de blessés.

En 2005, le CECOP qui s’oppose à La Parota demande :
+ la réalisation d’un processus de consultation qui inclut toutes les personnes affectées, non pas seulement celles qui apparaissent dans les listes de votes des assemblées communales mais aussi les voisins immédiats et ceux qui louent les terres qu’ils cultivent,;
+ la diffusion d’informations exactes et non partielles quant à l’impact du barrage;
+ et l’indemnisation de toutes les personnes affectées.

En mars 2006, le CECOP a présenté le cas de La Parota auprès du Tribunal Latino-américain de l’Eau (TLA), qui a pris position contre la construction du barrage et a conseillé de suspendre le projet.
Plusieurs instances de l’ONU ont exprimé leur préoccupation et ont dénoncé des irrégularités dans ce projet. Rodolfo Stavenhagen, Rapporteur Spécial sur la Situation des Droits Humains et les Libertés Fondamentales des Indigènes, a dénoncé “les abus et violations des paysans autochtones de l’état du Guerrero qui s’opposent au projet de construction du barrage de La Parota dans leurs territoire, un projet que l’Etat insiste à mettre en place sans le libre consentement de la population.” (août 2006)

En mai 2006, le Comité des Droits Economiques, Sociaux et Culturels des Nations Unies a exprimé sa préoccupation face au manque de consultation des communautés autochtones, ainsi que pour la détérioration de l’environnement que ce projet impliquerait.
De plus, le représentant au Mexique du Haut Commisaire des Nations Unies pour les Droits Humains, Amerigo Incalcaterra, a visité le territoire de La Parota pour rencontrer la population qui pourrait être affectée dans les communautés de Garrapatas et Tasajeras, et a constaté le manque d’information et de consultation transparente dans le cadre de ce projet.

Depuis 2004, Amnesty International a documenté la violence qui a entouré la mise en place de ce projet, en particulier le meurtre de trois personnes, ainsi que les blessures et les menaces de mort contre un activiste local. Cet organisme  n’a pas eu connaissance d’une quelconque avancée dans les enquêtes officielles sur ces faits.
Le 2 mai 2007, Amnesty International a manifesté sa « crainte pour la sécurité  » des membres du CECOP, car suite à leur résistance contre ce barrage promu par le gouvernement, leur vie « pourrait être en danger ».

Le 6 mai 2007, la Mission Civile d’Observation formule des recommendations à propos de La Parota via un communiqué de presse :
« Nous demandons que les communautés affectées par le projet de barrage hydroélectrique “La Parota” disposent d’une information complète, exacte et totale sur le projet ainsi que sur les indemnisations disponibles. Nous demandons aussi que les opposants au projet ne soient pas victimes de menaces ou d’intimidations et puissent réaliser leurs protestations légitimes contre la construction de ce barrage. Finalement, nous demandons le respect des Traités et Conventions Internationales des Droits Humains signés et ratifiés par le Mexique. »

Pour plus d’informations: http://www.sipaz.org/gro_problem/parota0705_f.htm

8 novembre 2008, Declaration de Guerrero  http://www.radio.larnr.org/?p=2988

 

Le 18 avril 2011, le Tribunal Unitaire Agraire (TUA) numéro 41 a donné raison au CECOP dans le procès en annulation rejeté en appel le 12 mai 2010 contre l’assemblée qui s’est tenue à La Concepcion le 28 avril 2010, au cours de laquelle la CFE, le gouvernement de l’état de Guerrero et le commissaire des biens communaux de Cacahuatepec ont tenté de faire valider l’édification du barrage La Parota. Ce procès, commencé en août 2010, est le 5ème jugement rendu en faveur des communautés opposées au projet La Parota.

Le 7 mai 2011, le gouverneur de l’état de Guerrero, Ángel Aguirre Rivero, a rencontré 1 600 opposants au barrage La Parota (membres du CECOP) à Aguacaliente.  C’est la première fois en trent-deux ans qu’un dignitaire de ce rang rend visite aux habitants de la province. Il annonce qu’il ne donnera pas l’autorisation de construction du barrage La Parota, malheureusement, un mois plus tard, le gouverneur – qui s’est allié aux grandes entreprises qui sont en faveur du projet – revient sur sa position et se décharge de toute responsabilité en disant que la décision de construire ou non le barrage dépend désormais de la CFE.

Le 17 juin 2011, les rapporteurs spéciaux des Nations unies sur les questions de logement digne et de droits fondamentaux des peuples autochtones en visite au Mexique ont manifesté leur engagement au coté des opposants au barrage La Parota. Ils ont noté plusieurs irrégularités et atteintes aux droits humains dans le processus de développement du projet hydroélectrique, au regard des traités internationaux et des dispositions de la Constitution mexicaine.

Le 22 juin 2011, la Troisième Commission du Travail, du Trésor et du Crédit public, de l’Agriculture et du Développement, des Communications et des Travaux publics a demandé au ministère du Trésor et du Crédit public d’effectivement allouer les 15 millions de pesos destinés à la construction de la route La Parota-Aratichanguio, montant qui a été voté le 15 novembre 2010 lors de l’approbation du budget fédéral 2011 mais qui est pour l’instant bloqué par le ministère. La Commission demande également au ministère du Trésor et du Crédit public et au ministère des Communications et des Transports de lui rendre, dans un délai de dix jours, un rapport qui explique les mesures prises pour respecter la présente recommandation. Cette proposition a été faite le 1er juin 2011 par le député Arturo Santana Alfaro, du groupe parlementaire du Parti de la Révolution Démocratique. Pour formuler cette recommandation, les législateurs se sont appuyé sur l’article 78, section III de la Constitution mexicaine ; sur les articles 116 et 127 de la loi organique du Congres Général du Mexique ; et sur les articles 58, 87, 88, 176 et suivants du Règlement intérieur du Congres Général du Mexique.

Le Segob – secrétariat du gouvernement – a publié le 7 juillet 2011 au Journal Officiel de la Fédération mexicaine un accord qui établit les bases du mécanisme de protection des défenseurs des droits humains en cas de situation à risque, de menace ou de vulnérabilité, afin qu’ils puissent mener à bien leur travail de promotion et de défense des droits humains. Les mesures administratives à mettre en place pour assurer cette protection seront décidées par le Segob, par le sous-secrétariat aux Affaires juridiques et aux droits humains, et par le responsable de l’Unité pour la promotion et la défense des droits humains.

Le 28 juillet 2011 était célébré le 8ème anniversaire de la communauté d’opposition au barrage La Parota, la CECOP, qui a organisé une rencontre à Aguacaliente pour l’occasion.