HomeCommuniquéEl Salvador : Plus de 60 organisations internationales dénoncent la détérioration alarmante des droits humains au Salvador

El Salvador : Plus de 60 organisations internationales dénoncent la détérioration alarmante des droits humains au Salvador

Les organisations de défense des droits humains expriment leur inquiétude face à la détérioration des droits humains, à la progression de l’autoritarisme et aux discours haineux à l’encontre des défenseur.e.s des droits humains, des organisations et des médias au El Salvador. Tous ses phénomènes décrits sont le résultat du pouvoir concentré du président Nayib Bukele et de son parti, ainsi que du démantèlement croissant des contrepoids des autorités publiques pour prévenir les abus de pouvoir.

Plusieurs éléments en témoignent. La tentative de contrôle de l’Assemblée législative par le président et l’armée en 2020; la révocation irrégulière des membres de la Chambre constitutionnelle et du Procureur général de la République le 1er mai 2021; l’utilisation d’un discours de contrôle employant la pandémie comme prétexte pour restreindre les droits et libertés. Ce discours a permis de maintenir des milliers de personnes en détention dans des « centres de confinement ». De même, les persécutions et le harcèlement soutenus de la part du président et du gouvernement à l’encontre de ses opposants, mais aussi des défenseurs et des journalistes. Tous ses éléments soulignés témoignent de la dérive autoritaire qui a déjà fait l’objet de préoccupations de la part de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) et du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH).

Le gouvernement actuel se sert des institutions publiques et manipule le discours public pour favoriser les intérêts de groupes liés à ce dernier. Il le fait aussi dans le but de délégitimer et réduire au silence les personnes qui dénoncent les violations systématiques des droits humains. Les attaques contre les organisations des femmes et contre les organisations féministes sont particulièrement préoccupantes.

Pendant ce temps, des milliers de personnes continuent de fuir la pauvreté et la politique de contrôle territorial qui maintiennent des communautés entières sous la menace de groupes criminels organisés et des forces de sécurité. Les taux de féminicides et de violations des droits sexuels et reproductifs des femmes restent parmi les plus élevés d’Amérique latine, en même temps que la corruption aggrave les inégalités.

Dans un tel contexte, toute personne, organisation ou média qui dénonce les abus de pouvoir est qualifié comme ennemi de l’État, menacé, harcelé et traqué. Les organisations fonctionnent sous des mesures fiscales abusives et le droit de la population à manifester pacifiquement est restreint sous le prétexte de la pandémie. Les femmes défenseures des droits humains et les journalistes sont également confrontées à des discours de haine, à la stigmatisation et à des poursuites judiciaires à connotation sexiste, à la violence sexuelle et à d’autres formes de violence fondée sur le genre comme moyen de répression. Cette démarche a pour but de légitimer la discrimination et de faire reculer les acquis des femmes en matière d’égalité. 

Le Réseau salvadorien des femmes défenseures, l’Association des journalistes du Salvador (APES) et le Service social passionniste (SSPAS) ont dénoncé l’augmentation d’attaques contre des journalistes, défenseur.e.s des droits reproductifs, et des personnes de la communauté LGBTIQ.  Ces organisations signalent une augmentation significative des agressions, notamment dans la sphère numérique.  

Entre février et mai 2021, il y a eu au moins 370 attaques numériques perpétrées par des fonctionnaires, des milieux proches du président et ceux qui le suivent sur les réseaux sociaux. La défenseuse des droits humains et avocate féministe, Bertha Deleón est victime de cette situation. Une campagne de stigmatisation, de discrédit et de criminalisation a été menée à son égard. Cette situation a conduit la CIDH à demander des mesures de précaution pour elle et sa famille afin de protéger sa vie et son intégrité personnelle.

Comme preuve du désengagement en faveur de la garantie des droits humains, en mai de cette année, l’initiative de la « Loi pour la reconnaissance et la protection intégrale des défenseur.e.s des droits humains et la garantie du droit de défendre les droits » a été classée. L’État ne respecte donc pas ses obligations internationales en matière de protection et de garantie des droits humains. Par conséquent, l’État est soustrait au contrôle international, comme ce fut le cas lors de la récente audience sur la situation des droits humains à laquelle il a été convoqué par la CIDH. À cela s’ajoute le discrédit orchestré par le gouvernement des positions et des communiqués des mécanismes internationaux; et des organisations des droits humains chaque fois qu’ils dénoncent, s’inquiètent de la situation et émettent des recommandations.

Cette situation a créé un climat propice à des actions telles que celle qui s’est produite le 21 juin, lorsque des inconnus ont volé des dossiers de l’organisation CO-MADRES contenant des informations sensibles sur les enquêtes relatives aux personnes disparues pendant le conflit armé.

Nous exprimons notre profonde inquiétude quant aux risques encourus par les défenseur.e.s des droits humains, les journalistes et leurs familles, ainsi qu’à l’impact que les attaques ont sur leur vie et leur travail. L’État doit cesser les attaques, assurer la séparation des pouvoirs et l’État de droit. Il doit aussi fournir des garanties pour le libre exercice du droit à la défense des droits humains et du journalisme indépendant.

Nous exhortons la communauté internationale et les organismes de défense des droits humains à rester vigilants face à cette situation et à s’exprimer, en tenant compte des risques spécifiques encourus par les femmes défenseures et les journalistes. Il est urgent de répondre aux demandes de protection et de garantir des mécanismes efficaces pour protéger leur vie et leur intégrité.

Les pratiques autoritaires, les discours de haine qui légitiment la stigmatisation, ainsi que la violence à l’encontre des personnes qui ont historiquement plaidé pour la justice, l’égalité et la paix génèrent un climat de danger pour la défense des droits humains. Les défenseur.e.s et les journalistes se retrouvent sans protection. Il s’agit d’une situation sans précédent en temps de paix.

 

Organisations régionales et internationales

Service mondial juif américain

Article 19 Bureau du Mexique et de l’Amérique centrale

Association pour la recherche et l’expertise sur les questions ibéro-américaines (AIETI)

Association pour le progrès des communications (APC)

Associés pour ce qui est juste (JASS Mesoamerica A.C.)

Centre pour les droits reproductifs (CDR)

Centre pour la justice et le droit international (CEJIL)

Código Sur

Comisión de Derechos Humanos Hispano Guatemalteca – Guatemala (Commission des droits humains hispano guatémaltèque – Guatemala)

Entrepueblos-Entrepobles-Herriarte-Entrepobos

Fonds d’action urgente pour l’Amérique latine et les Caraïbes (FAU-AL)

Défenseurs de première ligne

 Fondation accès

Initiative méso-américaine des femmes défenseures des droits de l’homme (IM-Defensoras)

Initiatives de coopération internationale pour le développement (ICID)

Service international pour les droits de l’homme (ISHR)

Groupe de travail sur l’Amérique latine (LAWG)

Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (OMCT-FIDH)

Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT)

Plate-forme internationale contre l’impunité

Réseau latino-américain de femmes défenseurs des droits sociaux et environnementaux (Red Latinoamericana de Mujeres defensoras de derechos sociales y ambientales)

Réseau latino-américain et caribéen des jeunes pour les droits sexuels et reproductifs (Red Latinoamericana y Caribeña de Jóvenes por los Derechos Sexuales y Reproductivos)

Service international de solidarité chrétienne (SICSAL)

SOS Salvador

Women’s Link Worldwide

 

Organisations locales

Agrupación Ciudadana por la Despenalización del Aborto – El Salvador (Groupe de citoyens pour la dépénalisation de l’avortement – El Salvador)

Asociación Comunidades Construyendo Paz en los Territorios (CONPAZCOL) – Colombie

Association du mouvement des femmes Melida Anaya Montes (« Las Melidas ») – El Salvador

Asociación PRO DERECHOS HUMANOS de España – Espagne

Asociación Transparencia, Contraloría Social y Datos Abiertos (TRACODA) – El Salvador

Calala Fondo de Mujeres – Espagne

Católicas por el Derecho a Decidir – El Salvador

CEFEMINA – Costa Rica

Centro de Derechos de Mujeres (CDM) – Honduras

Christliche Initiative Romero e.V. – Allemagne

Colectiva Feminista para el Desarrollo Local (Collectif féministe pour le développement local) – El Salvador

Colectivo de Trabajadores y Trabajadoras Sociales de Honduras – Honduras

Comisión de Ayuda al Refugiado en Euskadi (CEAR-Euskadi) – Espagne

Comisión de Derechos Humanos Hispano Guatemalteca – État espagnol

Comité de Ex-Presos y Presas Políticos de El Salvador (COPPES) – El Salvador

Comité de Reconstrucción y Desarrollo Económico Social (CRC Suchitoto) – El Salvador

Comité Oscar Romero de Buenos Aires – Argentine

Concertación Monseñor Romero – El Salvador

Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas de Honduras (COPINH) – Honduras

Coordinadora de ONGD España – Espagne

DIKÉ LGBT+ – El Salvador

Ecologistas en acción – Espagne

Elige Red de Jóvenes por los Derechos Sexuales y Reproductivos A.C. (Réseau des jeunes pour les droits sexuels et reproductifs) – Mexique – Le Mexique

Equipo Jurídico por los Derechos Humanos (EJDH) – Honduras

FOCOS TV – El Salvador

Fundación de Estudios para la Aplicación del Derecho (FESPAD) – El Salvador

Fundación Mujeres Pro Transparencia – Espagne

Iniciativas de Cooperación Internacional para el Desarrollo (ICID) – Espagne

Juventudes Socialdemocrats de El Salvador – El Salvador

Mesa por el Derecho a Defender Derechos Humanos (Table ronde pour le droit de défendre les droits de l’homme) – El Salvador

Mouvement des femmes salvadoriennes – El Salvador

Red de Mujeres por una opinión pública con perspectiva de género (Réseau de femmes pour une opinion publique avec une perspective de genre) – Mexique

Réseau des victimes de la patrouille frontalière – Mexique

Red Nacional de Defensoras de Derechos Humanos en Honduras (Réseau national des femmes défenseurs des droits humains au Honduras) – Honduras

Réseau salvadorien des femmes défenseurs des droits humains (RSDDH) – El Salvador

 

Source : im-defensoras.org/