Le gouvernement colombien d’Ivan Duque donne carte blanche aux forces militaires pour attaquer par tous les moyens les millions de manifestant.e.s qui sont descendu.e.s dans la rue contre le projet de réforme fiscale ; qui prétendait étendre les impôts aux classes les plus pauvres et privatiser davantage le système de santé.
Dans une vidéo, on voit un policier de Cali, la troisième plus grande ville de Colombie, tirer sur un manifestant qui s’enfuit. Le manifestant meurt quelques heures plus tard. Ces scènes rappellent le régime dictatorial chilien d’Augusto Pinochet, lorsque la police chilienne a utilisé des installations sportives pour détenir et torturer des manifestant.e.s.
Selon les organisations de défense des droits humains, Duque a enfreint toutes les garanties constitutionnelles et les protections des droits. Au milieu de la pire crise sanitaire et économique de l’histoire du pays, il tente de faire passer une réforme fiscale qui maintient les privilèges des sociétés transnationales et du capital financier.
Après six jours de grève nationale, des milliers de personnes de la société soutiennent les protestations développées dans le but d’empêcher le gouvernement de procéder à cet ajustement économique brutal. De même, les citoyen.ne.s demandent au gouvernement d’accorder un revenu de base, d’appliquer les accords de paix et de mettre fin aux violences policières.
Le 4 mai, des organisations de défense des droits humains, telles que Human Rights Watch, ont enregistré au moins 4000 appels pour abus policiers. L’ONG Temblores a déclaré que plus de 940 personnes ont été violées par la police. On dénombre également plus de 450 personnes détenues arbitrairement, plus de 300 blessés et 20 meurtres commis par la police. Il y a également plus de 300 plaintes pour torture, abus de pouvoir et d’autorité, agressions physiques et sexuelles. Au moins 8 raids, qui ont été déclarés illégaux, ainsi que les arrestations associées.
C’est ainsi que l’explique Heidy Sanchez, conseillère municipale du parti d’opposition Unión Patriótica :
Notre pays a connu une forte vague de mobilisations auxquelles le gouvernement national a répondu de la manière la plus tragique et la plus dramatique qui soit. Ils ont massacré les citoyens qui ont décidé de sortir et de manifester sans aucun type d’arme au-delà de leur désir de changer le pays. C’est grâce aux personnes dans de nombreux coins du pays qui ont fait des diffusions en direct dans les médias alternatifs que nous avons pu recevoir les dénonciations des abus policiers. On a pu enregistrer l’assassinat de jeunes personnes dans le contexte de la mobilisation, comme par exemple hier à Cali un jeune homme qui a été abattu par la police devant sa femme.
Le président Iván Duque a retiré le projet de réforme fiscale, provoquant une nouvelle défaite politique pour l’extrême droite. Toutefois, le banc de l’opposition, le Comité national de la grève et les citoyen.ne.s en général accueillent cette décision avec prudence, car il pourrait s’agir d’une nouvelle tentative de promouvoir la même réforme avec de légères modifications.
Des organisations internationales du monde entier, telles que les Nations Unies, la Commission interaméricaine des droits humains et d’autres, expriment leur inquiétude et appellent à la fin de la violence d’État en Colombie et à la mise en place d’une commission de vérification internationale.
Écoutez la nouvelle audio Colombie : grave situation de violence d’état du Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)
Source photo : La Tercera