Dans la région de l’Amazonie brésilienne, la violence a explosé : trois massacres en 12 jours, probablement un record pour la région. Les massacres ont eu lieu dans des zones de déforestation intense, où la construction de grands barrages a attiré un important flux de capital, a augmenté le prix des terres et a encouragé la spéculation foncière sur les terres par des accapareurs de terres, des bûcherons et des éleveurs.
Les attaques contre des activistes appartenant aux mouvements sociaux ou des organisations de travailleuses et travailleurs ruraux ont trois caractéristiques en commun : toutes ont eu lieu dans des zones d’influence de grandes entreprises hydroélectriques ; toutes ont eu lieu près ou à l’intérieur des terres de réforme agraire ; et toutes ont eu lieu le long d’un des principaux fronts de déforestation en Amazonie.
Un leader paysan du Mouvement Sans-Terres (MST) et une activiste de premier plan du Mouvement des affecté.e.s par les barrages (MAB) sont parmi les personnes tuées. Les attaques ont été concentrées autour de l’énorme barrage de Belo Monte ; dans le bassin de la rivière Madeira, près du barrage de Jirau ; et près du barrage de Tucurui, situé dans la rivière Tocantins dans l’état de Pará.
Les enquêtes pour retrouver les coupables se poursuivent. Les premiers rapports indiquent qu’au moins 9 personnes ont été tuées, mais il y a des témoins qu’indiquent un plus grand nombre de meurtres, spécifiquement des paysan.ne.s du MST.
En réponse à l’augmentation de la violence rurale, la Comisión Pastoral de la Tierra (Commission Pastorale de la Terre – CPT) a mis en place un nouveau site web : Masacres en el campo. Cette page web s’actualisera avec des rapports de massacres récemment confirmés. Entre 1985 et 2017, la CPT a enregistré 45 massacres au cours desquelles ont été tuées 214 personnes dans 9 états brésiliens. C’est dans l’état de Pará qu’ont été enregistrées le plus de massacres durant cette période : 26 au total, causant la mort de 125 personnes et représentant la moitié du total de victimes.
Dans le contexte actuel, le nombre de conflits risque d’augmenter.
Aujourd’hui, les prix des terres augmentent encore plus dans le bassin du Xingu, alors que le gouvernement de droite de Bolsonaro a souligné la flexibilisation de la réglementation environnementale et l’implantation continue de projets à grande échelle, tels que la mine d’or géante que la compagnie minière canadienne Belo Sun souhaite ouvrir près de Belo Monte.
Avant son arrivée à la présidence du Brésil, Jair Bolsonaro a exprimé une forte hostilité contre le Mouvement Sans-Terres et, jusqu’à présent, n’a ni condamné ni commenté la récente vague d’assassinats.
Isolete Wichinieski, coordinatrice nationale de la CPT, n’est pas surprise que le gouvernement n’ait pas émis une déclaration publique concernant les massacres : « La position du gouvernement par rapport aux zones rurales est qu’il n’y a pas de conflits, ou que les conflits sont créés par les communautés. Et sa solution est de criminaliser les mouvements sociaux, et non résoudre le conflit ».
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Photo : Mauricio Torres pour Mongabay