Le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) se solidarise avec le peuple autochtone Wajãpi (Amapá, Brésil) qui dénonce l’attaque à leur territoire ancestral et l’assassinat du chef Emyra Wajãpi. En tant qu’organisation de solidarité internationale, le CDHAL exprime son indignation et inquiétude face aux nombreuses violations aux droits humains et collectifs de peuples autochtones et paysans du Brésil depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement d’extrême-droite de Jair Bolsonaro. La violence à laquelle les Wajãpis font face à présent montre encore une fois que les peuples et la forêt de l’Amazonie brésilienne sont en danger.
Le CDHAL continuera à mettre tous ses efforts pour sensibiliser et mobiliser la société québécoise et canadienne pour rendre visible les atrocités de ce gouvernement et pour empêcher que les sociétés minières profitent de la vulnérabilité des peuples de la forêt.
Lisez ci-dessous l’intégralité de la déclaration de Wajápi à propos de l’attaque.
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Conseil des villages Wajãpi – APINA
Déclaration de l’APINA sur l’invasion de la terre autochtone Wajãpi
Nous, le Conseil des villages Wajãpi – APINA, souhaitons rendre publiques les informations disponibles à ce jour sur l’invasion de la Terre autochtone Wajãpi.
Le lundi 22 juillet, à la fin de la soirée, le chef autochtone Emyra Wajãpi a été violemment assassiné dans la région de son village appelé Waseity, près du village Mariry. Personne du peuple n’a été témoin du meurtre, qui n’a été remarqué et diffusé aux autres communautés Wajãpi que le lendemain matin (le mardi, 23 juillet). Au cours des jours qui ont suivi, des membres de la famille du chef Emyra se sont rendu.e.s sur le site où a eu lieu le crime et ont trouvé des traces et des indices indiquant que l’assassinat avait été perpétré par des personnes non-autochtones provenant de l’extérieur du territoire autochtone Wajãpi.
Le vendredi 26 juillet, les Wajãpi du village d’Yvytotõ, situé dans la même région où l’assassinat s’est produit, ont vu un groupe de non-autochtones armés près de leur village. Ensuite, ils.elles ont prévenu les autres communautés Wajãpi par radio. Au cours de la même nuit, les envahisseurs se sont rendus au village d’Yvytotõ et se sont installés dans une maison, menaçant les habitant.e.s. Effrayé.e.s, les villageois.e.s d’Yvytotõ se sont enfui.e.s et sont arrivé.e.s au village de Mariry, situé à proximité, le lendemain matin.
Vendredi soir, nous avons informé le gouvernement fédéral, par l’intermédiaire de la Fondation nationale des autochtones (FUNAI), et le ministère fédéral public brésilien au sujet de cette l’invasion. À cette occasion, nous avons demandé la présence de la police fédérale sur place. Tôt dans la matinée du samedi 27 juillet, les habitant.e.s du village Karapijuty ont aperçu un autre envahisseur près de leur village.
Samedi, nous avons diffusé les faits à nos allié.e.s, dans le but de hâter la venue de la police fédérale. En outre, un groupe de guerriers Wajãpi d’autres régions de la Terre autochtone s’est rendu dans au village de Mariry pour aider ses résident.e.s jusqu’à l’arrivée de la police fédérale.
Dans l’après-midi de samedi, des représentant.e.s de la FUNAI sont arrivé.e.s à la Terre autochtone Wajãpi et se sont rendu.e.s au village Jakare pour interroger les membres de la famille du chef décédé. Peu de temps après, les représentant.e.s de la FUNAI sont revenu.e.s à Macapá (capitale de l’état du Amapá, Brésil) pour contacter la police fédérale. Pendant ce temps, les guerriers Wajãpi montaient la garde près de l’endroit où se trouvaient les envahisseurs et au long des villages situés sur la route de sortie de la Terre autochtone Wajãpi. Dans la même nuit, des personnes ont entendu des coups de feu dans la région du village Jakare.
ACTUALISATION
Le dimanche 28 juillet, un groupe de policiers fédéraux est arrivé au village d’Yvytotô accompagné de nos guerriers, mais ils n’ont plus trouvé d’envahisseurs. Ils ont informé la communauté qu’ils ne pouvaient pas fouiller la forêt pour des raisons logistiques et sont rentrés dans la capitale, Macapá, où ils observeront la région au moyen d’images satellites.
Nous, du peuple Wajãpi, restons très préoccupé.e.s par la situation. Dans de nombreux villages, les habitant.e.s ont peur de se rendre dans leurs champs ou de chasser. De nombreuses familles ont quitté leurs communautés pour rechercher une plus grande sécurité dans d’autres villages. Des guerriers de toute la Terre autochtone Wajãpi s’organisent pour protéger le village de Mariry.
Une fois que nous aurons plus d’informations, nous publierons un nouveau communiqué.
Cliquez ici pour écouter la nouvelle audio produite par le CDHAL sur ce sujet et diffusé dans ALER (en espagnol)
Cliquez ici pour lire la déclaration en portugais.
Photo : Vitor Moriyama / Instituto Socioambiental