Une décision historique réaffirme l’environnement en tant que droit fondamental y reconnaît l’ensemble de la population colombienne comme victime du mégaprojet Hidroituango
À Bogotá, un juge qu’exerce la fonction de contrôler les activités de l’État en matière de respect des droits fondamentaux a adopté des mesures de précaution concernant les risques que le mégaprojet Hidroituango pose aux communautés touchées.
Le Mouvement Ríos Vivos Antioquia et l’Association Réseau de défenseur.e.s des droits humains (DHColombia) ont diffusé le communiqué qui suit :
Les mesures de précaution adoptées par le juge ont recueilli tous nos sentiments et nos demandes. La décision a correctement compris les droits en jeu et ceux qui ont été violés par Hidroituango et Empresas Públicas de Medellín (EPM), en tant que droit à la vie, à la santé, à la dignité, entre autres.
Le juge a expressément déclaré que la participation des victimes à l’exécution des mesures adoptées constituait un droit, ce qui représente une grande victoire pour nous, en tant que Mouvement, qui avons subi la discrimination, l’exclusion et l’interdiction à participer aux décisions pour notre opposition au projet et pour avoir dénoncé ses multiples irrégularités.
La table de concertation technique ordonné par le juge pour déterminer la viabilité ou la non-faisabilité du projet, les conditions de stabilité et les possibilités de surmonter les risques, constitue l’espoir de mettre enfin un terme à l’incertitude et à l’anxiété dans lesquelles nous sommes restés si longtemps. La nature urgente à l’installer dans 5 jours et 60 jours pour produire des résultats traduit l’imminence du risque auquel nous sommes exposés. De même, en le rendant public et en le soumettant à l’observation des médias, il permettra une information précise, claire et opportune grâce à des auditions qui devront présenter des rapports tous les 10 jours, garantissant l’indépendance de cet espace et surmontant le contrôle de l’information qui pratiquait EPM.
Pendant quatre jours, nous avons participé en tant que victimes à l’audience sur les mesures demandées par le bureau du procureur (Fiscalía). Ces jours nous ont permis de montrer comment EPM nie, malgré toutes les évidences, le risque que nous, communautés victimes du mégaprojet hydroélectrique, subissions depuis la déclaration d’état de l’urgence dans la zone touchée il y un an. Le juge a même comparé la situation que nous vivons aujourd’hui à l’activité minière illégale qui exploite les ressources naturelles sans aucune autorisation ni gestion des risques réels.
Nous apprécions le fait qu’il existe en Colombie des juges capables de comprendre la nature en tant que victime, de reconnaître et de valoriser la sagesse ancestrale des communautés paysannes et autochtones, l’importance de l’eau, des rivières et de leur protection. L’existence humaine dépend de notre relation avec l’environnement qui nous entoure et de la responsabilité vis-à-vis de la planète.
Nous espérons, en tant que communautés affectées et victimes d’Hidroituango rassemblées dans le Mouvement Ríos Vivos, que les autorités locales, régionales et nationales impliquées dans les décisions du juge adoptent des mesures appropriées et proportionnées à l’ampleur du risque que nous courons, qu’elles nous prennent en charge et ne nous excluent pas davantage des décisions qui affectent nos vies.
Le juge constitutionnel a mis l’accent sur les victimes et nos droits, donc on exige la fin de la discrimination à l’égard des femmes, des paysan.ne.s, des pêcheurs.cheuses, des barequerxs organisé.e.s dans le Mouvement Ríos Vivos.
Cliquez ici pour lire le communiqué au complet (en espagnol).
Source : Mouvement Ríos Vivos Antioquia
Photo : Claudia Julieta Duque
Pour en savoir plus : Juez impuso medidas cautelares contra Hidroituango (RCN radio)