Un tribunal brésilien fixe un délai à l’entreprise pour prouver qu’elle a rétabli l’approvisionnement en eau. Malgré les évidences, Equinox Gold refuse de reconnaître sa responsabilité
(Ottawa/Montréal, 25 juin 2021) – Un tribunal brésilien a déterminé que la société canadienne Equinox Gold Corp. devrait garantir l’approvisionnement en eau potable de plus de quatre mille personnes dans le district d’Aurizona, situé à Godofredo Viana, Maranhão, dans le Amazonie brésilienne.
La communauté est privée d’un accès régulier et adéquat à l’eau depuis trois mois, depuis la rupture d’un barrage à la mine d’or de la société canadienne, contaminant la principale source d’eau. Le 31 mai, le tribunal de la municipalité de Cândido Mendes, Maranhão, a accepté la demande du ministère public de l’État et a ordonné une amende journalière de 500 000 reais (125 371 $ CAD) si l’entreprise ne se conforme pas.
Le 25 mars, le réservoir de Juiz de Fora, qui alimente en eau la région, a été contaminé par de la boue à la suite de la rupture d’un barrage de sédiments à la mine d’or Mineração Aurizona (MASA), propriété d’Equinox Gold Corp. Depuis lors, bon nombre des plus de 1 500 familles d’Aurizona ont partagé des vidéos et des photos documentant l’approvisionnement irrégulier en eau par l’entreprise et que l’eau qui leur est fournie provoque des éruptions cutanées chez de nombreuses personnes. Trois mois après l’effondrement du barrage, la communauté n’a accès à aucune donnée technique pour étayer les affirmations de l’entreprise selon lesquelles l’eau fournie ne contient pas de substances toxiques.
L’entreprise a choisi de nier sa responsabilité au lieu de répondre aux demandes des communautés et de l’État du Maranhão et des tribunaux. Malgré les preuves et les documents officiels des agences gouvernementales brésiliennes, Equinox Gold dit qu’il s’agit de « mensonges absolus ».
La société insiste sur le fait qu’« il n’y a eu aucune défaillance dans le barrage à résidus », qu’il y a eu « un débordement … d’un étang d’eau douce sur (sa) propriété connue sous le nom de Lagoa do Pirocaua ». Cependant, un rapport d’avril 2021 de l’Agence nationale des mines (ANM) confirme que la structure qui s’est effondrée le 25 mai est classée comme barrage minier, bien qu’elle porte le nom de Lagoa de Pirocaua. En conséquence, l’ANM a ordonné à l’entreprise de fermer le barrage, qui n’avait pas été enregistré par Equinox Gold.
Selon Dalila Calisto, de l’équipe de direction du Mouvement des Personnes Affectées par les Barrages (MAB), « l’entreprise évite d’utiliser le terme de rupture du barrage pour ne pas dissuader les investisseurs, qui pourraient faire des parallèles avec les cas emblématiques de Brumadinho (2019) et Mariana (2015) dans Minas Gerais ».
L’entreprise continue également d’affirmer qu’un niveau de précipitations atypique durant cette période a été à l’origine de la catastrophe. Selon les déclarations de l’entreprise, ce jour-là, il a plu dans la région autour de 426 mm de pluie, un phénomène qui a été enregistré comme des précipitations qui se produisent tous les 10 000 ans. Cependant, une recherche dans la presse locale et les cartes des agences météorologiques officielles montrent que l’événement exceptionnel n’a pas été enregistré dans les journaux et que ce volume de pluie s’est poursuivi tout au long du mois de mars, contredisant les déclarations de la compagnie.
La communauté a organisé des manifestations pour revendiquer son droit fondamental à l’eau, d’autant plus critique que le Brésil est l’un des pays les plus touchés par la pandémie au monde avec plus de 500 000 personnes tuées par le Covid-19. Selon Juciara Pereira Lima, du Comité des personnes affectées d’Aurizona, « ici, personne n’est content de protester. Nous sommes obligés de le faire parce que notre situation est insoutenable. »
Tous ces événements violents et l’inaction des autorités renforcent ce que Jonias Pinheiro, membre de la communauté, a dit au Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL). Selon Jonias Pinheiro, cette catastrophe met en évidence un schéma de violations systématiques des droits humains qui a commencé avec l’arrivée de la compagnie minière dans la région il y a 10 ans.
L’entreprise contrôle la municipalité : police, universités, gouvernement municipal. Il y a eu des cas de criminalisation et même d’assassinat de leaders sociaux. L’entreprise agit comme si tout le district d’Aurizona était sa propriété privée, empêchant les habitants de pêcher des crabes et de cueillir des fruits, la source traditionnelle de subsistance des familles de la région. Les résidents qui sont surpris en train de pratiquer ces activités sont emmenés par des agents de sécurité privés à la police. Une chose est très claire : ces types de mégaprojets s’accompagnent toujours de violences faites aux femmes, de prostitution et d’activités illégales. Il est très important de faire connaître ce qui se passe ici dans le monde, y compris au Canada où l’entreprise est basée.
Les membres de la communauté ont tiré la sonnette d’alarme sur la stabilité de la mine. En 2018, un éboulement de roches stériles a emporté la route, bloquant l’accès à la communauté et affectant les habitats de mangrove et les sources d’eau naturelles à proximité. Deux ans plus tard, la communauté d’Aurizona est à nouveau isolée et avec des sources d’eau contaminées. Comme l’a dit un habitant après la rupture du barrage : « Nous avons besoin de soutien parce qu’à tout moment, il pourrait y avoir une rupture du barrage de résidus. Si cela arrive, nous sommes en danger. »
En mai, plus de 60 organisations de la société civile brésilienne et internationale ont envoyé une lettre adressée à l’entreprise et aux autorités brésiliennes pour demander que les demandes de la communauté soient prises en compte. Parmi les demandes les plus urgentes qui ont été faites figurent la restauration de l’eau potable et la compensation des pertes causées à l’économie locale par la contamination des réservoirs de la région, y compris les commerces et les activités de pêche et touristiques.
Pour plus d’informations sur la réglementation des barrages à résidus :
● Jan Morrill, Earthworks, jmorrill@earthworksaction.org
Pour plus d’informations sur la situation à Aurizona (y compris les contacts avec le Mouvement des personnes affectées par les barrages)
● Rosa Peralta, CDHAL, solidared@cdhal.org
Samantha Marques (MAB): Whatsapp +55 99 9 8843 0115
Gabrielle Sodré (MAB) : Whatsapp +55 77 9 9129 6200
Pour en savoir plus sur Equinox Gold :
● Viviana Herrera, Mines Alerte Canada, viviana@miningwatch.ca